Alors que le centre commercial Grand Littoral, à Marseille est un des plus importants de France, les agents de sécurité racontent un quotidien où les risques sont devenus la norme. Ils assurent travailler dans un climat fait « d’intimidations, de menaces physiques et verbales, de rixes et d’armes blanches », comme l’explique leur préavis de grève. Beaucoup disent partir en service avec la peur au ventre, redoutant les bagarres, les coups et les altercations qui se multiplient en cette période de forte affluence.
Plus risquer leur vie pour « des salaires de misère »
Depuis vendredi dernier, les 14 agents de sécurité ont ainsi lancé une grève à l’appel de la CGT Prévention Sécurité 13. Rassemblés à la porte 4 du centre commercial, ils réclament une revalorisation salariale « à la hauteur des risques réels », le versement de primes adaptées et davantage de jours de congé. Ils préviennent déjà que cette mobilisation pourrait n’être que la première étape d’un mouvement plus large si leur direction ne répond pas à leurs revendications.
Les agents assurent qu’ils ne veulent plus risquer leur vie pour « des salaires de misère ». Et tant qu’ils se sentiront livrés à eux-mêmes face à la violence du quotidien, ils promettent de maintenir la pression.
« On se prépare tous les matins à se faire frapper, gazer, insulter »
Ainsi, Amine, agent de sécurité a toujours la trace de cette violence avec une cicatrice laissée par un coup de couteau sur sa main droite : « Ce n’est pas le pire, je me suis déjà fait renverser par une voiture », confie-t-il au micro de Sud Radio. Son collègue Christopher, qui travaille à Grand Littoral depuis quatre ans, confirme que ces violences ne sont plus l’exception : « Cette semaine, il y a au moins deux agents qui vont se faire agresser. C’est pareil toutes les fêtes. On se prépare tous les matins, en se réveillant, à se faire frapper, gazer, insulter. »
« 200 heures par mois pour même pas 2000 euros »
Les agents assurent être confrontés à des vols quotidiens et des réactions violentes lorsqu’ils tentent d’intervenir, notamment lors de contrôles. « C’est surtout certaines femmes qui cachent des articles dans leurs affaires, et quand on leur dit qu’il va falloir payer, ils se font agresser directement », raconte-t-il.
Au-delà du danger, c’est le manque de reconnaissance qui révolte les agents. « On fait plus de 200 heures par mois pour ne même pas toucher 2000 euros », dénonce Christopher, qui juge la situation intenable. La frustration est d’autant plus grande que, selon eux, les agresseurs ne sont que très rarement inquiétés : « Nous, interpellons les gens, on se fait frapper, donc on veut porter plainte. La police les relâche au rond-point. Ça arrive plusieurs fois », regrette-t-il.