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Tristane Banon : "quand on demande que soit reconnu notre statut de victimes, on nous demande justement d'être une victime"

La journaliste Tristane Banon, qui a été la première à porter plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol, a écrit un livre intitulé "Le bal des hypocrites". Elle le réédite aujourd'hui, avec une préface fraîchement rédigée.

Tristan Banon, invitée de Valérie Expert dans "Le 10h - midi" sur Sud Radio.

Tristane Banon était l'invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 28 octobre 2020 dans "Le 10h - midi".

 

"Il s’est passé énormément de choses depuis 2011"

"Je me suis très peu exprimée pendant l’affaire parce que je considérais que c’était une affaire qui devait se faire juger uniquement devant la justice. Et que la presse n’était pas faite pour ça, que ce n’était pas normal d’aller faire le procès dans les médias. Maintenant je pense que j’aurais dû davantage prendre la parole sur les moyens d’éviter ça.

J’ai toujours refusé de résumer tout ça en 1 minute 30 à la fin d’une interview sur tout à fait autre chose, même si on m’avait souvent demandé ce que je pensais des mouvements BalanceTonPorc et MeToo. Tout ce qui s’est passé depuis a donné du sens à ce que j’avais fait. Quand on commence une révolution, il y a toujours des excès, des débordements. Et je trouve que quand on est féministe, on ne doit pas se refuser à les montrer. Les Américains ont beaucoup mieux su gérer ça. En 2011 j’avais l’air d’une victime, j’étais au bout de ma vie, je ne dormais plus. Quand les Américaines y sont allées maquillées, sur leurs hauts talons, avec toute leur beauté, toute leur réussite, tout leur panache et ont dit ‘Me Too’, on avait envie de les suivre…

Quand on demande que soit reconnu notre statut de victimes, on nous demande justement d’être une victime, de correspondre à l’image d’une victime. Alors qu’au moment où on le demande, en général on n’est plus victime. On a été victime, mais on ne l’est plus toute sa vie heureusement", a déclaré Tristane Banon.

"C’est très compliqué pour tout un pays de se remettre en question"

"Quand les Américaines ont dénoncé Harvey Weinstein, il n’était plus une grande personnalité du monde du cinéma. Alors que quand j’ai dénoncé Dominique Strauss-Kahn, il était le favori à la présidentielle. Et on a vu toute la classe politique dire : ce n’est pas le Dominique que je connais. Cette phase résonne encore en moi.

Dénoncer une tentative de viol reste compliqué. C’est toujours mettre quelque chose de sa vie entre parenthèses, nécessairement. Là, c’était d’autant plus compliqué que ça remettait en cause l’idée de la séduction à la française. On est passés à quelque chose de graveleux. Il y avait cette petite blondinette qui débarquait et cassait tout le schéma des gens. C’est très compliqué pour tout un pays de se remettre en question et de réévaluer tout ce qu’il croyait évident et stable. Ce n’était pas uniquement une jeune femme qui portait plainte pour tentative de viol. C’était une jeune femme qui remettait en cause plein de schémas, qui cassait les projets de carrière de beaucoup de politiques", a poursuivi Tristane Banon.

 

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Retrouvez l'invité média de Valérie Expert et Gilles Ganzmann du lundi au vendredi à partir de 10h00 sur Sud Radio dans "Le 10h - midi".

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