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Prisons : après les surveillants, le ras-le-bol des conseillers d'insertion et de probation

Par Jérémy Jeantet

Les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation défilent dans la rue ce jeudi, à l'appel de la CGT, afin d'obtenir une revalorisation de leur statut, actée pendant le quinquennat de François Hollande.

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La colère de retour dans les prisons. Après les surveillants, le ras-le-bol des conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation. Ils n'ont pas le droit de grève, donc c'est sur leurs propres deniers qu'ils défileront dans la rue aujourd'hui.

Une manifestation, à l'appel de la CGT, s'est déroulée en début d'après-midi à Paris. L'objectif étant d'obtenir l'application de la revalorisation de leur statut obtenue sous le quinquennat de François Hollande. En d'autres termes, passer de la catégorie B à la catégorie A de la fonction publique. Ce qui représenterait notamment 200 euros de plus sur la fiche de paie.

La réforme, obtenue quelques jours avant la présidentielle de mai dernier, devait être mise en œuvre à partir du 1er février. Mais depuis, elle a disparu des écrans radars. Sarah Silva d'Escas, secrétaire nationale pour la CGT probation et insertion, regrette d'être "les oubliés de l'administration pénitentiaire" : "On nous appelle les travailleurs de l'ombre, ceux dont on entend rarement parler. On a été complètement mis de côté alors que les textes étaient validés et qu'ils devraient rentrer en vigueur. Mme Belloubet, la ministre, a dit qu'elle avait fait son travail, qu'elle avait demandé l'application de la réforme. Darmanin oppose une fin de non-recevoir. Et depuis, silence radio. On ne sait pas qui va trancher cette question alors qu'on est 3000 à attendre cette réforme statutaire d'un pied ferme. On est une fois de plus les oubliés et on est obligé d'aller dans la rue pour réclamer quelque chose qui nous est dû."

D'autant qu'ils estiment mériter cette revalorisation de statut, notamment face à la charge de travail qui est la leur, comme l'explique Pierre-Yves Lapresle, conseiller d'insertion et de probation à Montauban et secrétaire national CGT : "Mon quotidien, c'est d'avoir en suivi à peu près 100 personnes. En fait, c'est de composer avec cette charge de dossiers, c'est-à-dire quand même rencontrer de manière régulière les personnes que j'ai en suivi. Quand on rencontre quelqu'un, derrière, on va solliciter les services de soins, Pôle Emploi, une association qui fait de l'insertion par une activité économique... Et troisième volet, il faut rendre compte au JAP de comment se déroule la mesure. En fait, on a des rapports réguliers à faire sur 100 personnes. Au quotidien, c'est un peu un casse-tête pour réussir à tout faire de la moins mauvaise des manières. Mais avec 100 personnes, de toute façon, on ne peut pas tout faire."

Il revient également sur la proposition de la députée Michèle Tabarot, députée LR des Alpes-Maritimes, d'ouvrir une commission d'enquête parlementaire sur la sécurité des personnels pénitentiaires et la détention des dijhadistes. Pour lui, la pression politique sur sa profession pour obtenir des infos sur des personnes suspectées de radicalisation est tout simplement aberrante : "Il y a des personnes qui sont condamnées pour du terrorisme, c'est très clair. Après, il y a toutes les suspicions de radicalisation qui peuvent apparaître pour des personnes condamnées pour du droit commun. Et là, c'est un autre débat. Nous, on est obligé de travailler avec un mandat judiciaire, une condamnation, et pas par rapport à des suspicions. Les personnes qu'on suit, on a accès à leur vie privée et il y a un lien de confiance qui se crée. On ne peut pas avoir la double casquette de remontées systématiques d'informations qui peuvent servir au renseignement et avoir des conséquences et, à la fois, vouloir réinsérer les gens."

Propos recueillis par Benjamin Glaise sur Sud Radio

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