"Pour que son décès ne soit pas vain": un an après la mort de Matisse, 15 ans, poignardé par un autre mineur qui sera jugé dans un mois, plusieurs centaines de personnes ont participé mercredi à Châteauroux à une journée d'hommage et de "lutte contre la violence chez les jeunes".
"Les adultes ne sont pas des ennemis, il ne faut pas hésiter à parler quand les jeunes voient des choses ou remarquent des comportements", a martelé le papa de Matisse, Christophe Marchais, rencontré par l'AFP en préambule de cette journée de la "loutre", clin d'oeil au surnom de son fils, tué de plusieurs coups de couteau le 27 avril 2024, par un adolescent du même âge.
Un an après le drame, les images de l'animal marin décorent toujours une partie des vitrines de la cité castelroussine et la douleur reste vive pour les quelques centaines de personnes présentes à cette journée symbolique, à laquelle ont aussi participé les deux parents de Matisse.
Cette initiative est le fruit de leur volonté, née le jour de ses obsèques, où ils avaient formulé le souhait de "parler aux jeunes, aller les voir dans les clubs, dans les collèges". Elle a notamment été organisée par le club de foot de Matisse, dont plusieurs jeunes adhérents se disent encore "très marqués".
"Aujourd'hui, parler aux jeunes est devenu notre idée, notre combat", a dit Christophe Marchais dans l'après-midi, devant un portrait de son fils.
Toute la journée, il a accompagné avec beaucoup de tendresse et une forte émotion des dizaines d'adolescents, la plupart portant un badge à l'effigie du garçon et venus participer à des ateliers de sport ou d'expression artistique et honorer Matisse.
"Il faut que les jeunes comprennent que la violence touche tout le monde et qu'elle ne sera jamais une solution", a lancé un garçon.
L'objectif, c'est de "faire prendre conscience des dégâts de la violence chez les jeunes", a assuré Christophe Marchais, toujours très ému, et souhaitant que son fils devienne "un symbole de cette lutte".
Régulièrement, des voix associatives et politiques s'élèvent pour essayer d'endiguer les vagues de violence chez les jeunes, des débats renforcés tout récemment après le meurtre jeudi dernier à Nantes d'une lycéenne de 15 ans. Elle a tuée par un jeune garçon de 16 ans de 57 coups de couteau, dans sa salle de classe.
- "Pas des magiciens" -
"On n'est pas des magiciens", a déclaré le papa de l'adolescent. "Il faut toucher les enfants, certes, mais il faut aussi toucher les parents. Les gens sont démunis".
Venu expliquer les comportements violents chez les jeunes, Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, a décrit un drame "grave mais rare" et salué la "force de s'engager" de la famille endeuillée.
"Nous nous efforçons de transformer notre tristesse en immense bienveillance", a expliqué la maman de l'ado, Cécile Cacciatori.
Le maire de la ville Gil Avérous (DVD) a lui évoqué l'"immense chagrin" et la "douleur infinie" de "toute une ville", assurant que tous "s'associaient" à la peine des parents face à ce "fléau d'ultra-violence".
Le procès de l'adolescent accusé du meurtre se tiendra du 26 au 28 mai, à huis clos, devant le tribunal pour enfants de Châteauroux. Après les faits, la nationalité afghane du principal suspect et de sa mère - en situation régulière en France -, avait conduit plusieurs figures de l'extrême droite à dénoncer la "politique migratoire" du gouvernement.
Le père "attend que la justice soit ferme" en rendant "une peine exemplaire" pour envoyer un message, "parce qu'il y en a d'autres des jeunes +borderlines+" et parfois "violents", a-t-il expliqué.
Avec ce drame, "on nous a collé +perpète+, que vont penser ces jeunes capables de faire le terrible pas, s'ils se disent que c'est pas cher payé ?"
Par Tom MASSON / Châteauroux (AFP) / © 2025 AFP