L'heure est grave pour le Planning familial. Après presque 70 ans d'existence, le groupement de 82 associations -présentes en métropole et dans les départements et régions d'outre-mer- subit cette année une "situation financière inédite". En cause : une baisse des subventions publiques observées, pour l'heure, pour 9 associations du réseau. Au micro de Benjamin Glaise, Sarah Durocher -présidente du Planning familial- a tiré la sonnette d'alarme et a appelé à la mobilisation.
Le Planning familial "victime de choix politiques au niveau des collectivités territoriales"
Fermeture de 7 centres de santé dans la Drôme, baisse de 10% de subventions dans le Loiret, coupure totale des subventions dans les Pays de la Loire : les baisses de subventions et les coupures directes de financement ont un "impact direct au niveau de nos actions", déplore Sarah Durocher. Résultat ? "Aujourd'hui, des actions vont devoir s'arrêter, des portes vont devoir se fermer", regrette la présidente du Planning familial. Surtout, ce type de décisions éloigne la population -particulièrement les plus jeunes- de l'accès à la contraception, à l'information et l'éducation à la sexualité, entraînant une fracture sociale sur le territoire. Par exemple, pour quelqu'un qui souhaite se rendre dans un centre de santé sexuelle dans la Drôme, il faudra désormais parcourir 50 kilomètres.
Une situation critique, pour une association qui accueille "presque 500 000 personnes par an" et qui défend toutes les sexualités, ainsi que le droit des femmes et des personnes LGBT+, dénonce la présidente du Planning familial. À qui la faute ? Selon Sarah Durocher, le "gouvernement et l'État sont responsables de la garantie des droits fondamentaux" relatifs à l'information et l'éducation à la sexualité... mais semblent avoir failli dans cette mission. À l'heure où "les discours conservateurs montent" un peu partout en France, en Europe et dans le monde, le Planning familial est "victime de choix politiques au niveau des collectivités territoriales", accuse la présidente de l'association. D'après elle, c'est un signal particulièrement "paradoxal" et incohérent, notamment à l'approche des 50 ans de la Loi Veil et alors même que la France a été le premier pays à constitutionnaliser l'IVG en 2024.
Un appel à la "mobilisation, à la collecte et au don"
Inquiète pour l'avenir du Planning familial -au service du droit à la contraception et à l'avortement depuis 1956-, Sarah Durocher en appelle à "la mobilisation, à la collecte et au don". Une campagne de soutien a notamment été lancée sur Internet, avec la création d'une cagnotte relayée, entre autres, via Instagram et LinkedIn. Par ailleurs, la présidente du mouvement féministe a interpellé le gouvernement et s'est entretenue avec Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations. Cette dernière a d'ailleurs exprimé "une certaine inquiétude" face à l'avenir de l'organisation féministe et a rappelé, au micro de l'AFP, que la convention nationale du ministère prévoit 622 000 euros de subvention annuelle au Planning familial au niveau national de 2023 à 2025, aides locales comprises.
Pour tenter de débloquer la situation du Planning -"ciblé depuis très longtemps par l'extrême droite et les mouvements conservateurs", Sarah Durocher en appelle à la responsabilité de chacun pour "interpeller [ses] conseils départementaux et régionaux". Selon la présidente du Planning familial, il en va de la défense du droit à la contraception, à l'avortement et à l'éducation à la vie affective et sexuelle pour tous !
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