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Jean-Marie Godard : "Le désamour police-justice existe depuis des années"

Par Benjamin Jeanjean

Journaliste et auteur du livre Paroles de flics, Jean-Marie Godard était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce lundi pour évoquer l’état d’esprit actuel des policiers en France.

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Si l’actualité sociale se concentre surtout sur les surveillants de prison ces derniers temps, les conditions de travail des policiers restent particulièrement dénoncées par ces derniers, qui évoquent de plus en plus ouvertement leur ras-le-bol au quotidien. Auteur de Paroles de flics, Jean-Marie Godard les a côtoyé pour livrer une enquête documentée sur laquelle il revient au micro du Grand Matin Sud Radio ce lundi.

"J'ai discuté longuement avec eux et j’ai aussi passé du temps sur le terrain avec eux. Ils m’ont donc fait vivre un certain nombre de situations, et c’est un travail passionnant. Quand on parle de la BAC par exemple, le livre parle de Tony, un personnage du sud de la France passionné par son boulot et qui a une grande quête de justice et de service aux autres. Il dit souvent une phrase qui revient régulièrement chez pas mal de policiers : "Attraper les méchants". Ils s’investissent donc sans compter sur le terrain, mais ils ont l’impression qu’au-dessus les gens ne savent pas vraiment ce qu’ils font. Ils ont en plus le sentiment de ne pas être considéré. À chaque fois qu’il y a un problème, avant même qu’une enquête soit ouverte, il y a une présomption systématique de culpabilité contre eux", explique-t-il.

"Les policiers ne demandent pas qu’on ait pitié d'eux"

Une chose est sûr, le contexte sécuritaire d’aujourd’hui a bien changé pour les policiers. "Ils ne savent pas ce qu’il va se passer chaque jour et sont devenus des cibles aujourd’hui avec le phénomène terroriste qui n’est pas attaché à un groupe particulier comme on a pu le voir dans le passé. C’est une menace diffuse et n’importe quel policier peut être tout d’un coup pris pour cible. (…) Ce que j’ai vu quand j’ai passé du temps avec eux, c’est que vous pouvez être en train de verbaliser un automobiliste ou de gérer un petit larcin, et vous retrouver deux minutes plus tard sur un bain de sang", déclare-t-il.

Assurant que "les policiers ne demandent pas qu'on ait pitié d’eux, mais juste un peu plus de considération", Jean-Marie Godard évoque par ailleurs dans son livre les tensions entre la police et la justice. "Le désamour existe depuis des années. Un avocat s’occupant de policiers dit dans le livre que le problème est qu’il n’y a pas de discussion officielle ou officieuse entre le flic de base et le juge. Il dit : "un flicard dans sa voiture dans sa voiture ne sait absolument pas ce que fait un juge dans son bureau, et vice-versa". Ces deux mondes devraient être les deux jambes d’un même système, mais ne se connaissent pas", indique-t-il.

Enfin, il assure que les policiers ont accueilli avec – au mieux – un grand scepticisme l’intention du gouvernement de rétablir une forme de police de proximité. "Ils sont extrêmement dubitatifs et se demandent ce qu’ils vont faire. Certains policiers de quartiers disent que la proximité du quotidien, ils la pratiquent déjà ! Que va faire Macron ? Il va renvoyer des gardiens de la paix patrouiller à pied dans certains quartiers d’un seul coup ? Beaucoup de policiers affirment qu’il faut vraiment mettre le paquet à certains endroits pour reprendre le terrain avant de vouloir mettre en place une police de sécurité quotidienne, sinon ça ne marchera pas", conclut-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Jean-Marie Godard dans le Grand Matin Sud Radio

 

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