Ce lundi matin, Thierry Guerrier est revenues sur la mise en scène de "réconciliation" entre Anne Hidalgo et François Hollande, samedi, à Tulle. Qu’est-ce qui se cache derrière ce rendez-vous très médiatique ?
"Derrière ce "baiser de judas", j’utilise la formule, à propos de l’ancien président de la République, parce qu’en fait c’est lui le grand bénéficiaire de cette séquence de pause-café devant caméras et photographes. Au PS, vous savez, on se pince le nez en évoquant François Hollande, depuis son auto-éviction de 2017. Beaucoup lui attribuent la responsabilité de l’effondrement électoral du parti à la Présidentielle.
Et voilà qu’on lui demande de venir à la rescousse, et de montrer que, lui aussi, soutient Anne Hidalgo. L’occasion était trop belle pour lui de revenir sur le devant de la scène, en figure tutélaire de ses "camarades socialistes". Et tant pis si tout le monde a encore en tête sa critique récente sur la "candidature de liliputienne" d’Anne Hidalgo. Patelin, hyper souriant samedi, François Hollande savourait ce moment. Il s’est même payé le luxe de lui donner des conseils sur la façon de résister aux mauvais sondages.
Mais alors, pourquoi le PS a-t-il appelé Hollande à l’aide ?
Même si personne n’est dupe, cette unité de façade est toujours bonne à prendre… alors que les enquêtes d’opinion maintiennent Anne Hidalgo aux alentour des 5/6% d’intention de vote, selon les scénarios. En fait, les proches de la candidate et l’état-major socialiste font feu de tout bois pour sauver sa candidature. Ils espèrent beaucoup, par exemple, de son passage dans "Ambition intime" hier sur M6 notamment pour contre-balancer les effets désastreux de ses petites vidéos niaises de campagne, comme celle tournée à Saint-Valier, où elle se met en scène devant un distributeur de billets de la SNCF... video visionnée des centaines de milliers de fois et qui a beaucoup fait rire.
Dans son équipe, ceux qui soutiennent Hidalgo mordicus, espèrent la voir passer le cap des fêtes. "Si elle tient encore 1 mois et demi, 2 mois (disent-ils) et si elle grappille quelques points, alors elle sera dans le paysage et incontournable !"
Pourquoi dites vous "ceux qui la soutiennent" ? Ce n’est pas le cas de tous ?
Le PS, aujourd’hui, ce n’est plus vraiment un parti de militants, plus comme avant en tout cas. C’est surtout un parti d’élus, d’apparatchiks et de gestionnaires de collectivités qui s’inquiètent pour leur avenir. Pour mener leurs campagnes en vue de leurs réélections, ils ont besoin que l’appareil socialiste ne disparaisse pas. Et pour ça, il faut notamment un groupe parlementaire des députés. Or, imaginez qu’Anne Hidalgo finisse la campagne exsangue, loin derrière le candidat vert : comment faire alors pour se répartir avec eux les circonscriptions, les négocier en position de force ? certains ne pensent qu’à ça.
Du coup, ils veulent "débrancher" Hidalgo ?
Certains imaginent un scénario en 3 temps:
1/Que la candidate PS s’efface d’abord derrière Yannick Jadot, d'EELV. Ça permettrait de masquer l’effondrement.
2/Négocier en échange, avec les verts, plus de circonscriptions aux Législatives.
3/Enfin, profiter des 5 ans suivants dans l’opposition pour reconstruire un PS plus fort, avant 2027.
Pour l’heure, ce programme n’est pas à l’ordre du jour mais, si Anne Hidalgo ne s’impose pas dans le mois qui vient, alors tout est possible notamment une fronde d'un certain nombre d'élus socialiste.
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