Pour répondre à la montée des incivilités et violences dans le football amateur, la Fédération française de football a lancé une expérimentation inédite en équipant certains arbitres de caméras embarquées lors des matchs jugés à risque. Ainsi, une trentaine de districts participent à cette phase test, dont celui de la Haute-Garonne, régulièrement classé parmi les plus exposés. Les premiers retours, constatés ce week-end sur plusieurs rencontres, sont déjà encourageants pour les arbitres comme pour les dirigeants.
Des violences en hausse envers les arbitres
Depuis plusieurs années, les agressions verbales et physiques à l’encontre des arbitres se multiplient dans le football amateur. En Haute-Garonne, 10 % des 5 000 matchs annuels connaissent des incidents et 80 % des violences proviennent de spectateurs, souvent des parents. « Les violences ne sont pas plus nombreuses, mais elles sont plus dures », explique Jean-Marc Sentein, président du district de Haute-Garonne.
« Protéger les arbitres était un devoir. Voir son enfant arbitre se faire insulter, c’est insupportable pour les parents » poursuit-il. Cette décision a notamment été précipitée après une altercation générale lors d’un tournoi U11 en juin dernier ayant fait un blessé grave, aujourd’hui handicapé.
« Le but est rempli »
Sur les terrains pilotes, comme à Tournefeuille ou Colomiers, les arbitres disposent désormais d’une caméra fixée sur le torse. L’appareil filme en continu grâce à une mémoire tampon de 30 secondes, et l’arbitre peut déclencher l’enregistrement complet à tout moment.
« Le but est rempli : les joueurs contestent moins, ils font attention » explique Thomas, arbitre U19 ayant pu tester et approuver cette nouvelle technologie en match. « Dès qu’ils voient la caméra, ils viennent avec moins de véhémence. On sent clairement que ça apaise les tensions », poursuit le jeune arbitre. Un constat partagé par les joueurs eux-mêmes à l’image de Sofiane, capitaine de Tournefeuille : « On a baissé le ton. On savait qu’il y avait la caméra, ça a joué sur notre comportement ».
Une arme avant tout dissuasive
Pour la Fédération, l’objectif principal reste la dissuasion. « C’est simplement une arme dissuasive. Un arbitre, on ne doit pas le toucher », insiste Jean-Marc Sentein. Mais l’outil a aussi une valeur probante en cas de litige. Les images, transmises à une plateforme sécurisée, peuvent être utilisées par les commissions disciplinaires, voire judiciaires.
En Haute-Garonne, 28 dossiers disciplinaires sont actuellement en cours, et un licencié a déjà été interdit de terrain pendant cinq ans. Et pour la FFF aussi le processus semble déjà porter ses fruits. « C’est radical : avec la caméra, le comportement change de manière incroyable », affirme encore Jean-Marc Sentein
Une expérimentation appelée à durer
Plus de 30 districts vont tester ce dispositif cette saison. Si les résultats se confirment, la Fédération envisage de pérenniser l’outil, malgré son coût élevé. Le district de Haute-Garonne dispose actuellement de cinq caméras, pour couvrir prioritairement les matchs à enjeux ou à risque, désignés par une commission dédiée. À terme, l’objectif est d’arriver à une dizaine de rencontres surveillées par week-end. « Je suis convaincu que les résultats seront très bons. Le dispositif va durer », assure Jean-Marc Sentein. Un bilan sera dressé en fin de saison… mais pour beaucoup d’arbitres, cette nouvelle technologie semble déjà avoir été adoptée.