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Alain Krivine : "Le 3 mai 68 ? Le début d'un mouvement spontané, je ne savais pas où on allait"

Par Mathieu D'Hondt

Alors que le pays s'apprête à commémorer le cinquantième anniversaire des événements de mai 68, Sud Radio vous propose de revenir, à travers les témoignages de ceux qui étaient aux premières loges, sur les moments forts de ce mouvement social sans précédent qui secoua l'hexagone, voilà un demi-siècle. Aujourd'hui, Alain Krivine nous raconte l'étincelle du 3 mai.

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Il y a 30 ans jour pour jour, le 3 mai 1968, le quartier latin s'embrasait marquant le début de ce qui allait devenir Mai 68. Tout a commencé dans les murs de la Sorbonne, l'épicentre du séisme social qui allait submerger le pays. Flashback. 

Alors que le soulèvement observé à Nanterre gagne peu à peu la Sorbonne en ce vendredi 3 mai 1968, la faculté va être le théâtre d'une série d'événements qui vont mettre le feu aux poudres. Réunis dans la cour du campus à l'occasion d'un meeting auquel se sont joints leurs homologues de Nanterre, les étudiants vont très vite se retrouver encerclés par la police, qui avait quadrillé l'université discrètement. Sommés d'évacuer les lieux, ils sont ensuite expulsés manu militari - après pourtant avoir négocié une sortie sans heurts - avant que les plus récalcitrants ne soient parqués par dizaines dans les tristement célèbres "paniers à "salade". S'en suit alors la confusion puis le chaos lorsque les premières échauffourées éclatent dans les rues adjacentes. 

"On voit la police et on se dit : 'mais qu'est-ce qu'ils foutent là ?' Pour nous, c'était un scandale"

Cette journée, Alain Krivine (Fondateur des "Jeunesses communistes révolutionnaires" aujourd'hui dissoutes), ne l'a pas oubliée. Présent sur le campus, il se souvient. "Tout le monde avait installé ses stands avec des photos de dirigeants, de Che Guevara, Staline, Hô Chi Minh... Tout le monde était là, les gens allaient de l'assemblée générale à la cour où ça discutait politique. Ça bouillonnait comme jamais ça n'a bouillonné", explique-t-il, avant d'évoquer précisément le souvenir de l'arrivée des forces de l'ordre. "On voit la police et on se dit : 'mais qu'est-ce qu'ils foutent là ?' Jamais un recteur n'a appelé la police. Pour nous, c'était un véritable scandale ! On était tellement scandalisés qu'on ne réagissait pas", se remémore-t-il. "On s'est fait arrêter et chasser par la petite porte. Ils nous ont mis dans des fourgons et c'est dans ces fourgons que l'on a vu la masse des étudiants hurler : 'libérez nos camarades !'", raconte-t-il encore.

En effet, pas moins de 30 000 étudiants vont alors déferler aux alentours du campus avec la volonté d'occuper le quartier latin et d'en découdre avec les forces de l'ordre. Il est 17h30 lorsqu'un premier pavé - le premier d'une longue série - s'envole et finit sa course dans la vitre d'un car de la Compagnie républicaine de sécurité, blessant un brigadier à la tête. Les CRS répliquent et décident de charger les étudiants qui, en réponse, érigent des barricades de fortune. La "révolution" vient de commencer. "C'était le début d'un mouvement spontané et je ne savais pas où on allait", nous confesse Alain Krivine.

Très vite, la contestation va s'amplifier et gagner les rangs de la classe ouvrière, entraînant ainsi des mouvements de grève massifs qui vont paralyser chaque jour un peu plus le pays. Mais, ceci est une autre histoire...

Propos recueillis par Capucine Bouillot 

 

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