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A Antibes, principal "cluster" de chikungunya, sensibiliser sans apeurer

"On a quand même peur": Sabrina Marra vit dans un quartier résidentiel d'Antibes où le chikungunya a déjà touché plusieurs personnes, et se fait du souci pour son mari, affaibli par la maladie de Crohn.

Valery HACHE - AFP/Archives

"On a quand même peur": Sabrina Marra vit dans un quartier résidentiel d'Antibes où le chikungunya a déjà touché plusieurs personnes, et se fait du souci pour son mari, affaibli par la maladie de Crohn.

Cette ville de la Côte d'Azur est actuellement le plus gros foyer métropolitain de la maladie.

Le chikungunya se transmettant à l’homme par des moustiques-tigres, les environs de l'appartement de Sabrina ont déjà été désinfectés et les jardins des résidences démoustiqués. "C’est rassurant, c’est sûr, au moins ils font quelque chose", réagit son mari auprès de l'AFP.

Rassurer, c'est bien l'objectif des autorités, qui font face à une "situation exceptionnelle", avec 103 cas recensés dans cette ville proche de Nice (sur les 570 au niveau national) mais pour autant "pas une épidémie", a rappelé le directeur adjoint de l'Autorité régionale de santé (ARS) en Paca, Olivier Brahic, lors d'un point presse.

Jusqu'alors, on n'avait jamais recensé plus de quelques dizaines de cas par an en métropole pour cette maladie, habituellement circonscrite aux zones tropicales.

Dans la stratégie des autorités pour éradiquer les infections, la sensibilisation des habitants est au premier plan.

Jeudi, une association mandatée par l'ARS distribuait ainsi des prospectus à l'entrée d'un hypermarché situé en plein dans le "cluster". "Notre but, c'est justement de ne pas les apeurer", insiste Carole Legrand, infirmière. "Au contraire, c'est de leur donner les bons gestes à faire (...), tuer ce moustique, les larves aussi dans tout ce qui est coupelles, réservoirs d’eau".

Une médecin de l'ARS, Alice Borel, renseigne aussi les clients de l'hypermarché sur les symptômes du chikungunya, mal connus: "principalement de la fièvre et des douleurs articulaires, qui peuvent être embêtantes car chez 20% des personnes touchées elles deviennent chroniques, c’est-à-dire qu'elles peuvent perdurer de plusieurs semaines à plusieurs années selon les cas".

En langue makonde (Afrique australe), le terme "chikungunya" signifie d'ailleurs "celui qui marche courbé".

- SMS et piqûre de rappel –

Dans le vieil Antibes, autour du marché où les effluves de lavande et de crème solaire rappellent encore les vacances, les touristes profitent du soleil. Mais les locaux sont moins sereins après avoir reçu la veille un SMS intitulé "ALERTE SANITAIRE".

"Quand j’ai reçu le SMS", raconte Serge Hamon, "c'était perturbant, parce que j'ai été piqué et vraiment sur la veine de la main, par un moustique. J’ai quand même 74 ans, donc je me suis dis: +est-ce qu'il va m'arriver quelque chose?+"

Le maire LR d'Antibes, Jean Leonetti, lui-même médecin, veut rappeler que "la mortalité du chikungunya est bien inférieure à celle de la grippe". Pour autant, les personnes qui suspectent une infection doivent consulter afin de permettre le suivi de la maladie. Il n'existe pas de traitement spécifique, rappelle-t-il, si ce n'est, pour soulager les symptômes, des antidouleurs.

Quinze opérations de démoustication ont déjà eu lieu dans la zone, et se poursuivront dans les jours à venir, nécessitant la collaboration des habitants. Car 60 à 70% des zones de contamination sont dans des propriétés privées, selon le maire.

Les agents viennent frapper à la porte en journée pour obtenir leur accord et ensuite revenir traiter en pleine nuit.

Jean Leonetti regrette que certains refusent "par peur des conséquences environnementales", rappelant que l'insecticide utilisé est validé par les autorités sanitaires et "inoffensif" pour les abeilles ou les papillons.

Du côté de l'ARS, "on n'a pas peur, mais effectivement on est vigilant", explique Olivier Brahic, "puisqu'on voit bien l'évolution du changement climatique qui a fait que le moustique-tigre est clairement installé dans la région. Et on voit apparaître effectivement un certain nombre de maladies vectorielles qui sont déjà connues, il y a la dengue, il y a le zika, il y en aura probablement d'autres".

En début de semaine prochaine, l'ARS prévoit une nouvelle opération "coup de poing" pour démoustiquer une zone de 11km dans le nord de la ville.

Par Julie PACOREL / Antibes (AFP) / © 2025 AFP

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