Le harcèlement scolaire n’épargne plus aucun établissement et presque aucune famille. En France, près d’un élève sur cinq se déclare harcelé selon l’IFOP. Et un tiers des familles serait directement concerné par ce fléau d’après une étude publiée par l’association Asmae – Sœur Emmanuelle. « C’est un chiffre inquiétant, mais il traduit aussi une libération progressive de la parole », explique Adrien Sallez, directeur général de l’association. Mais cette libération reste à relativiser puisque seulement un tiers des enfants victimes ose en parler à leurs parents. Pire, un quart des victimes a déjà pensé à se faire du mal ou au suicide.
Un harcèlement qui se poursuit en ligne
Mais aujourd’hui, la violence se poursuit à la sortie de l’école, sur les écrans. Le cyberharcèlement est devenu le prolongement direct du harcèlement scolaire. Selon le baromètre de l’association e-Enfance, 37 % des 6-18 ans sont concernés par le harcèlement ou le cyberharcèlement, un chiffre en hausse de onze points en un an.
Une montée en flèche qui s’explique par un accès toujours plus précoce aux outils numériques. En effet, l’âge moyen d’obtention du premier téléphone en France est désormais de 9 ans et 9 mois, et 65 % des enfants en primaire fréquentent déjà les réseaux sociaux, pourtant interdits avant 13 ans.
Après le suicide de leur fils, ils lancent une association contre le harcèlement scolaire : "C'est un fléau qui est en train de nous gagner. Tout le monde doit se mobiliser, pas seulement l'Éducation nationale !" #GrandMatinhttps://t.co/J5BwTBVWB5 pic.twitter.com/E8tV9pnydj
— Sud Radio (@SudRadio) October 1, 2025
Une justice renforcée contre les harceleurs
Entre mars 2022 et fin 2024, plus de 10 100 affaires de harcèlement scolaire ont été recensées par les parquets français, selon une étude conjointe des ministères de la Justice et de l’Éducation nationale. Ce chiffre a explosé, passant de 530 signalements en 2022 à 6 100 en 2024. Mais il témoigne avant tout d’une prise de conscience collective et d’une judiciarisation accrue du phénomène. Dans le même temps, plus de 600 poursuites pénales ont été engagées depuis la loi Balanant de 2022. Elle reconnaît le harcèlement scolaire comme un délit passible de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Face à la multiplication des cas, l’État tente de réagir. Le ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray, a confirmé début novembre que plusieurs centaines d’élèves auteurs de harcèlement avaient été exclus de leur établissement. Ces mesures, désormais systématisées, visent à éviter que la victime soit contrainte de changer d’école. Parallèlement, 4 200 mesures pénales alternatives (rappels à la loi, stages de sensibilisation, interdictions de contact) ont été prononcées depuis 2022.
6 harceleurs sur 10 ne sont pas sanctionnés
Mais la sanction seule ne suffit pas. Une étude menée par le centre Hubertine Auclert dans les établissements franciliens montre que seulement un quart des victimes osent demander de l’aide. Souvent à leurs proches plutôt qu’aux personnels éducatifs. Ainsi, selon l’IFOP, 60% des harceleurs déclarent n’avoir jamais été sanctionnés. Le parcours de signalement, jugé long et douloureux, décourage encore trop d’élèves.