Trentième jour de grève, ce vendredi 3 janvier à la SNCF et à la RATP. La grève la plus longue depuis 1968, mais "pas une grève massive" pour Yaël Braun-Pivet qui note qu'à la RATP "il y a moins de 10% de grévistes". "Il faut que ça s'arrête", lance-t-elle. "Les gens en ont marre, ils sont lassés parce qu'ils veulent aller travailler, remplir leurs activités", rapporte la députée qui "espère que nous allons trouver rapidement la voie du compromis qui est souhaitable".
Une volonté appuyée selon elle par le soutien des Français. "Ils me disent qu'ils veulent cette réforme parce que quand on leur explique cette réforme, ils veulent qu'on aille jusqu'au bout", relate-t-elle. "La grève est populaire parce qu'il s'agit de défendre les intérêts des travailleurs et tout le monde y est sensible", admet la députée. "Mais les Français sont majoritairement pour la réforme du système des retraites, pour le régime universel et pour la fin des régimes spéciaux", ajoute-t-elle.
"Pas acceptable d'entraver la liberté d'aller et venir"
Si la grève doit se durcir dans le début de l'année, avec les mobilisations prévues parmi les enseignants, les médecins, les infirmiers, les professions libérales, le blocage des raffineries scandalise l'élue de la majorité. "Il n'est pas acceptable d'entraver la liberté d'aller et venir, c'est un droit constitutionnel tout comme le droit de grève. Il faut allier tous ces droits et libertés", appelle-t-elle de ses vœux. "Il est hors de question que les grévistes puissent atteindre la liberté de ceux qui veulent circuler, travailler, étudier. Il faudra débloquer les raffineries", affirme Yaël Braun-Pivet qui ne peut préciser de quelle manière.
Alors que certains opposants se plaignent d'un mépris du gouvernement, Yaël Braun-Pivet assure que "cette colère, on l'écoute, on dialogue au quotidien". "Il faut trouver les voix de convergence mais il n'est pas acceptable de continuer avec des régimes spéciaux et autonomes", estime-t-elle. L'horizon fixé par le gouvernement "me semble bon", juge l'édile. "Les Français ont voté pour dans le programme d'Emmanuel Macron en 2017. Le but est d'arrêter de faire des petites réformes des retraites tous les 5 ans et faire la réforme finale des retraites", se réjouit l'élue.
Pas de tension entre l'Élysée et Matignon
"Les règles et les objectifs de la réforme sont fixés depuis l'origine", témoigne-t-elle. "Le Premier ministre nous a depuis des semaines indiqué les chemins de négociation" assure Yaël Braun-Pivet qui n'a pas connaissance de tension entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe. "Le remaniement sert à quoi ? Est-ce ça qui va nous permettre d'aboutir à la réforme des retraites ?", s'interroge-t-elle. "Je crois qu'aujourd'hui les négociations sont très bien menées par le chef du gouvernement", répond la députée des Yvelines. "Je crois que c'est de l'ancienne politique de remanier lorsqu'on est dans une tension sociale", réfute-t-elle.
Dans les négociations avec les partenaires sociaux "il faut prendre en compte les spécificités de chaque métier", juge-t-elle. "C'est ce que l'on peut faire avec la définition un peu plus large de la pénibilité", continue Yaël Braun-Pivet. "Recréer des régimes spéciaux particuliers ou semi particuliers non, mais regarder les chemins de convergence et voir comment on va organiser par régime les transitions pour parvenir à cet horizon, bien évidemment oui", assure-t-elle. "Il faut moduler les fins de carrière en fonction de leur entrée dans la vie active. il faudra travailler dessus pour qu'il soit le plus équitable possible. Nous voulons faire une réforme de justice sociale et d'équité", tente de rassurer la présidente de la Commission des lois.
Après deux séries de négociations tout au long du mois de janvier, le projet de réforme sera présenté en Conseil des ministres le 22 janvier prochain. "L'Assemblée nationale sera saisie après et l'examen en hémicycle devrait se tenir fin février-début mars", annonce la députée qui espère une "union des forces". "Un certain nombre de responsables politiques voulaient peu ou prou faire ce que l'on propose aujourd'hui", estime-t-elle. Pour une réforme qui concerne tous les Français, toutes les générations, elle appelle à "être responsable et unir nos forces pour bâtir la bonne réforme qui nous permettra d'assurer la pérennité de notre système de retraite pour les dizaines et dizaines d'années à venir".
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