À quelques jours de la rentrée scolaire, la ministre Élisabeth Borne a annoncé vouloir alléger la pression du contrôle continu sur les élèves : certaines notes du contrôle continu ne compteraient plus pour l’examen du baccalauréat, et la plateforme Parcours Sup.
Rentrée scolaire : le bien-être des élèves comme cap
"C’est évident qu’il y a de la pression et de l’anxiété à l’école, quasiment à tous les âges, réagit Mathieu Grimpret, professeur d’histoire-géographie en collège, formateur des professeurs des écoles, auteur du livre Bullshit bienveillance, enquête sur la psychologie positive à l’école (Magnus). Mais il y en a aussi dans la vie. Il y a de l’anxiété d’avoir de mauvais résultats, c’est aussi bête que cela. Pourquoi a-t-on de mauvais résultats ? Il y a deux raisons à cela : la première est que l’on ne travaille pas assez, et la deuxième, qu’on ne comprend pas. À ces deux problèmes, il y a des solutions. Si on ne comprend pas, est-on vraiment à sa place, au lycée, au collège, dans telle spécialité, telle option... C’est l’Arlésienne du débat scolaire."
"Que l’on assigne à l’école la mission d’assurer le bien-être psychologique des élèves alors qu’elle a ses propres outils pour faire diminuer l’anxiété des élèves, je trouve que c’est une dérive dangereuse. On demande aux professeurs de se transformer en psy. C’est devenu une consigne officielle dans les textes, cela a d’ailleurs été rappelé par la ministre. Le fait d’assurer le bien-être des élèves est devenu une mission prioritaire de l’école."
Élisabeth Borne veut "diminuer la pression sur les élèves" : "Qu'on assigne à l’école la mission d’assurer le bien-être psychologique des élèves est une dérive dangereuse" estime @MATTGRIMPRET #GrandMatin https://t.co/CXvbeTQEoK pic.twitter.com/U2AeBiKHJZ
— Sud Radio (@SudRadio) August 28, 2025
"Pendant que les profs jouent aux psy, qui joue au prof ?"
"Des mesures intéressantes ont été proposées par Élisabeth Borne, mais le cap général est celui de transformer l’école en un outil pour assurer le bien-être des élèves, résume Mathieu Grimpret, auteur du livre Bullshit bienveillance, enquête sur la psychologie positive à l’école (Magnus). Évidemment que c’est indispensable. 1,6 million de jeunes sont considérés comme étant, entre guillemets, en détresse psychologique. Assigner cette mission aux professeurs dont ce n’est pas la vocation et qui n’ont pas été formés pour, certains s’en débrouillent, mais c’est brutal. Ce n’est pas pour cela qu’ils sont entrés dans la carrière. Et pendant que les profs jouent aux psy, qui joue au prof ? Ce ne sont pas les psy."
"Tout le temps, l’énergie, les ressources à faire ce travail de psy ne sont pas dévoués au fait de transmettre le savoir. Ma thèse est que le bien-être à l’école repose d’abord sur la discipline, la sécurité, physique et mentale. Ce sont des problèmes que l’école ne peut régler que du point de vue disciplinaire, sécuritaire. Si elle prétend les régler sur le terrain médico-psychologique, on n’y arrivera pas. Ce n’est pas aux professeurs que l’on doit confier le bien-être psychologique des enfants." Pourquoi cette priorité au bien-être ? "Au point de départ, il y a la pédagogie, en mettant l’élève au centre du système à la place du savoir. La psychologie positive a pris la place, et tout le monde y est perdant, le professeur et l’élève."
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