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Juan Branco : "On est dans une oligarchie où le pouvoir est aux mains d'une caste"

Par La Rédaction

Juan Branco, avocat, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le mardi 24 décembre sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Juan Branco interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le mardi 24 décembre à 7h40.

Des Gilets jaunes à Julien Assange, Juan Branco se veut le défenseur des "petites gens". Il n'ose pas à s'en prendre à Emmanuel Macron dont il estime que "toutes les politiques qu'il mène sont extrêmement libérales et précarisantes", déplorant que les conséquences sociales "soient pour les classes les plus modestes, alors que ceux mêmes qui décident de ces politiques là ne sont jamais confrontés à des phénomènes, comme le chômage".

Il est l'un des soutiens de la première heure du mouvement des Gilets jaunes. "J'ai été sensible parce que j'ai tout de suite senti cette idée de précarité", rappelle-t-il. L'avocat raconte "qu'au moment où j'ai décollé des réseaux de corruption et de concupiscence qui existent au sein du petit Paris, je me suis retrouvé dans un grand isolement". Un réseau qu'il accuse de "s'appuyer sur les ressources publiques de l'État pour se construire une position sociale dans laquelle on s'inscrit".

La démocratie "devient une apparence"

Juan Branco dénonce les inégalités sociales dans les élites de la société, et en premier lieu dans les grandes écoles. "Alors qu'on est censé y entrer du fait de notre mérite, si vous êtes fils d'employé ou d'ouvrier, vous avez entre 1 et 4% de chance de rentrer", avance-t-il. Pour lui, "les concours sont fait de façon à convenir aux personnes qui ont les codes bourgeois". Et la disparité ne s'arrête pas là. "Combien de pourcents d'ouvrier à l'Assemblée nationale ? 1% d'ouvriers, 4% d'employés qui représentent pourtant deux tiers de la société", interroge l'opposant.

"La démocratie devient alors qu'une apparence", juge-t-il. "On est dans une oligarchie, où le pouvoir est aux mains d'une caste au sens social qui se reproduit, défend ses privilèges pour défendre ses enfants et leur permettre de s'accaparer les places du pouvoir", déplore Juan Branco. Par conséquent, "la concurrence est plus faible et le niveau baisse", estime l'avocat.

Interrogé au sujet des discriminations, Juan Branco reconnait qu'il y a "une violence sociale qui détermine toutes les autres formes de discrimination". "Oui il y a du racisme en France, note-t-il, qui découle de cette immobilité sociale massive". Mais il prévient, "je pense que l'élite politique est de très loin la plus raciste", soulignant qu'il n'y a "personne au sein des élites financières, économiques et politiques qui vienne de la diversité".

Julien Assange passera Noël en prison

Avocat de Julien Assange, Juan Branco souhaite avertir sur les conditions de détention de son client, emprisonné à Belmarch, à Londres. "Il est dans une cellule de 7 m² dans l'aile hospitalière où il est isolé 23 heures sur 24", décrit-il. Il déplore que le fondateur de Wikileaks ait "très peu de vie sociale, pas d'ordinateur, de télévision ou de radio". D'après lui, "on vise tout simplement à l'écraser et à s'en débarrasser en l'extradant au plus vite aux États-Unis, où il risque 175 ans de prison pour avoir révélé les crimes commis par l'armée américaine".

Pour alerter l'opinion public, la défense de Julien Assange "essaye de faire monter des collectifs". "On a très peu d'appui médiatique, ce qui fait que beaucoup de Français ne savent plus qui est Julien Assange", déplore son avocat. Et si certains se remémore son nom, "personne n'est ajourné sur sa situation et on laisse mourir un homme", s'indigne-t-il. Pourtant, Julien Assange est "dans des conditions tellement atroces qu'elles sont même décrites comme de la torture par le rapporteur spécial sur la torture de l'ONU", rapporte Juan Branco. "Le Royaume-Uni le sait parfaitement mais ils le font pour nous amener à céder le plus vite possible et l'envoyer aux États-Unis", lance l'avocat.

Un message envoyé aux lanceurs d'alerte

Ces conditions de détention "envoient un signal aux journalistes et aux lanceurs d'alerte". "On leur dit, 'n'allez pas trop loin'", déplore Juan Branco, qui pense que l'on autorise "à donner quelques clés de compréhension mais pas tout ce qu'il faut savoir". "Julien Assange a permis aux citoyens de ne pas dépendre des journalistes, le citoyen peut aller directement sur Wikileaks pour aller sur la source sans déformation", juge-t-il, arguant que "le citoyen a la possibilité de hiérarchiser l'information" en toute liberté.

Pour Juan Branco, la menace va "au-delà de la liberté d'expression". "C'est notre capacité à exister politiquement en tant que citoyen qui est menacée", juge-t-il. Si la liberté d'expression en est "l'un des vecteurs", "c'est tout simplement la capacité d'influence" qui est en danger selon lui. "Ce n'est pas un hasard si les Gilets jaunes ont de réclamé le RIC, ils veulent reprendre une part de cette souveraineté parce qu'ils se sentent trahis par les élites intermédiaires censées défendre leurs intérêts", estime Juan Branco.

 

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