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Boris Vallaud : "Cahuzac ? Une blessure considérable, quelque chose d'indigne"

Par Benjamin Jeanjean

Député (PS) des Landes et porte-parole du Parti socialiste, Boris Vallaud était l’invité politique du Grand Matin Sud Radio ce mercredi. Affaire Cahuzac, loi Schiappa sur les violences sexuelles et avenir du PS étaient notamment au programme.

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Deux ans de prison ferme et deux autres avec sursis. Telle est la peine prononcée en appel contre l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac pour fraude fiscale, une peine qui pourra être aménagée afin de ne pas voir ce dernier aller physiquement en prison. Invité du Grand Matin Sud Radio ce mercredi, le député (PS) des Landes Boris Vallaud revient sur cette affaire qui a chamboulé le quinquennat de François Hollande dès le début.

"Cette condamnation était attendue, car l’affaire Cahuzac a été une blessure considérable, quelque chose d’absolument indigne de la part d’un représentant politique qui avait en plus de ça la charge du contrôle fiscal ! C’était quand même stupéfiant, il avait menti à François Hollande et à la représentation nationale. (…) Je retiens aussi que cette affaire a été le début d’un renforcement considérable de la transparence. Il y a eu la création du Parquet National Financier, qui a une activité soutenue, et de la Haute Autorité", souligne-t-il. "Nous avons voté au début de ce quinquennat une loi de transparence et de confiance, car l’un est la condition de l’autre. Ensuite, il faut dire avec netteté que la loi et l’application des lois doit être la même pour les petits et les grands", ajoute-t-il par ailleurs.

"Faire sauter le verrou de Bercy ? La majorité ne le veut pas"

Alors que la pression monte parmi les parlementaires pour faire sauter le "verrou de Bercy", qui permet à l’administration fiscale d’engager ou non des poursuites selon les cas, Boris Vallaud regrette que le gouvernement traîne des pieds. "C’est un souhait formulé de façon très large au Sénat et à l’Assemblée nationale au moment de la discussion sur la loi de finances. Sur les sept groupes parlementaires, six étaient favorables à la levée du verrou de Bercy, y compris les alliés de la majorité, mais la majorité n’a pas souhaité que cela se fasse. Je pense que l’administration souhaite conserver certains leviers et certaines marges de négociation", croit-il savoir.

Le député landais s’est également exprimé sur le texte de loi porté par Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, un texte sur les violences sexuelles contre les mineurs voté cette nuit mais qui continue de faire parler. "Ce sont des sujets qui doivent nous rassembler autour d’une cause juste : les atteintes inqualifiables aux mineurs. Nous soutenons beaucoup des mesures proposées dans cette loi : l’allongement des délais de prescription pour les crimes commis contre les mineurs, l’élargissement de la notion de harcèlement, l’introduction d’une contravention d’outrage sexiste. Mais il y a cet article 2 qui pose une difficulté. Rappelez-vous le contexte d’il y a quelques mois et ce procès dans le Val-d’Oise pour le viol d’une enfant de 10 ans. Ce qui était en cause, c’était de savoir s’il y avait consentement de la mineure. À 10 ans… Le président de la République avait alors dit qu’il y avait un âge en-dessous duquel il ne peut pas y avoir de consentement. Cet engagement du président de la République n’est pas tenu aujourd’hui. Nous proposons comme amendement que lorsqu’il y a pénétration d’un adulte sur un enfant de moins de 13 ans, ce soit qualifié de viol. Là, la situation n’est pas satisfaisante et présente un risque de requalification en délit. (…) Il faut que ce gouvernement écoute, il ne peut pas avoir raison tout seul !", martèle-t-il.

"Les inégalités ne sont pas une préoccupation pour le président de la République"

Celui qui est aussi porte-parole du Parti socialiste a par ailleurs critiqué la politique actuelle du gouvernement, qui bénéficie pourtant d’un contexte économique favorable. "L’amélioration des comptes publics, la réduction du chômage et le retour de la croissance sont le résultat de la politique du précédent quinquennat, et en aucune manière de celle du gouvernement actuel. Emmanuel Macron est en rupture avec ça, quand on fait de la politique pour quelques-uns et seulement quelques-uns, pour les riches ou les très très riches… Quand on a des services publics dans de telles difficultés mais qu’on préfère consacrer les moyens à un hypothétique ruissellement auquel personne ne croit, c’est un problème… La question des inégalités n’est pas une préoccupation pour le président de la République", regrette-t-il.

Enfin, Boris Vallaud appelle le Parti socialiste à l’unité pour le prochain grand rendez-vous électoral en France : les élections européennes de 2019. "Les européennes sont une échéance importante. Le PS est composé de sensibilités diverses, mais nous avons une injonction de travailler ensemble et de nous entendre. Nous avons commencé à la faire dès hier soir puisqu’un groupe de travail a été constitué et qui sera co-présidé par Emmanuel Maurel et Christine Revault-d’Allones. Ce n’est pas une tentative de synthèse. À un moment donné, nous sommes tous européens. Pendant longtemps, la gauche et l’Europe ont eu partie liée. On a longtemps dit que l’Europe était l’avenir de la gauche. Aujourd’hui, je crois que la gauche de gouvernement peut être l’avenir de l’Europe", assure-t-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Boris Vallaud dans le Grand Matin Sud Radio

 

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