Décidément rien ne va plus au sein de la droite, qui apparaît plus divisée que jamais à l'entame de la XVe législature. Après la création le 21 juin dernier d'un groupe indépendant appelé les Constructifs (LRCUDI) sous la houlette de Thierry Solère et Jean-Christophe Lagarde, un autre épisode illustrant cette guerre fratricide s'est joué aujourd'hui dans les couloirs du Palais Bourbon.
Les Constructifs bousculent la tradition
Les Constructifs ont en effet ravi à leurs collègues des Républicains le poste ô combien important de questeur réservé à l'opposition, au terme d'une manœuvre politique inattendue. Ce strapontin qui semblait promis à Éric Ciotti - candidat désigné par son parti - est finalement revenu à Thierry Solère, plébiscité par 306 députés lors du scrutin contre 106 seulement à son adversaire, récemment réélu député des Alpes-Maritimes. Comme évoqué précédemment, le poste de questeur est très stratégique et très convoité au Palais Bourbon, car sa fonction est de gérer les services financiers mais aussi administratifs de l'hémicycle, et - détail qui a son importance - sa rémunération est supérieure à celle que perçoit un simple député (5 000 euros brut de plus).
Traditionnellement et ce depuis 1973, les 3 postes de questeurs (2 pour la majorité et 1 pour l'opposition) sont attribués quasiment d'office puisqu'à chaque fois les groupes parlementaires - après concertation - choisissent d'investir autant de candidats que de postes à pourvoir. Seulement cette fois, les choses ne se sont pas déroulées comme le veut la coutume, provoquant un petit séisme dans l'institution d'ordinaire si austère. Les Constructifs ont ainsi décidé de jouer les troubles fêtes en proposant au dernier moment la candidature de Thierry Solère pour le poste réservé au camp de l'opposition, avec l'issue que l'on connaît. Notons que les deux autres questeurs, issus de la majorité, sont Florian Bachelier et Laurianne Rossi.
Cette manœuvre inhabituelle et audacieuse, mais qui n'en demeure pas moins légale et autorisée, n'a évidemment pas été du goût du des Républicains, à commencer par la première "victime" de Éric Ciotti. Ce dernier dénonçant un "déni de démocratie" et "une forme de forfaiture". Même son de cloche du côté de Christian Jacob qui a estimé pour sa part que les "droits de l'opposition (venaient) d'être bafoués comme jamais dans l'hémicycle".
Selon nos confrères du Lab d'Europe 1, une telle issue n'aurait pas été possible sans le concours des parlementaires LREM, dont certains seraient passés dans les rangs durant le scrutin affin de suggérer à leurs collègues de voter en faveur de Thiery Solère afin de "dégager Ciotti".
Nul doute que cette nouvelle passe d'armes risque de fragmenter l'union de la droite et du centre, pour qui 2017 ressemble de plus à plus à une annus horribilis.