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Trump veut ''fliquer'' l’historique des réseaux sociaux des touristes… dont celui des Français

GROS PLAN SUD RADIO - L’administration Trump vient de lancer une réforme majeure pour toute entrée sur son territoire : les voyageurs de 42 pays, dont la France, pourraient bientôt devoir déclarer leurs réseaux sociaux utilisés sur les cinq dernières années pour obtenir l’ESTA, et livrer leurs données personnelles (emails, téléphones, informations biographiques).

Donald Trump
Donald Trump (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

L’information est passée presque inaperçue, noyée dans un avis administratif. Elle pourrait pourtant modifier en profondeur les conditions d’entrée sur le sol américain pour des millions de voyageurs. La semaine passée, l’administration Trump a officiellement engagé une procédure visant à rendre obligatoire la déclaration des réseaux sociaux utilisés au cours des cinq dernières années pour les ressortissants des pays bénéficiant du Visa Waiver Program, dont la France, dans le cadre de la demande d’autorisation électronique de voyage (ESTA).

La mesure figure dans un avis publié au Federal Register par l’U.S. Customs and Border Protection (CBP), sous l’autorité du Department of Homeland Security (DHS). Elle s’inscrit dans l’application d’un décret présidentiel signé en janvier 2025, appelant à un renforcement du filtrage des voyageurs étrangers avant leur arrivée aux États-Unis.

Numéros de téléphones et adresses électroniques

Dans le détail, le projet prévoit que les réseaux sociaux deviennent un « mandatory data element » de l’ESTA. Les voyageurs devraient fournir la liste des plateformes utilisées — sans remise de mots de passe — mais sur une période étendue à cinq ans. L’avis administratif mentionne également l’ajout de données qualifiées de « high value ». A savoir les numéros de téléphone utilisés sur les cinq dernières années, les adresses électroniques sur dix ans, ainsi que les informations biographiques et familiales complémentaires.

La CBP justifie cette évolution par la nécessité de « mieux évaluer les risques avant l’embarquement » et de renforcer la sécurité nationale. Une consultation publique est ouverte jusqu’au 9 février 2026, avant toute entrée en vigueur définitive.

Au nom de la sécurité nationale

Si les autorités américaines rappellent que la collecte de réseaux sociaux existe déjà pour certaines catégories de visas, l’extension au Visa Waiver Program marque un changement d’échelle inédit. Selon l’Associated Press, près de 40 millions de voyageurs par an utilisent ce dispositif.

Selon nos confrères de Reuters, Geoff Freeman, président de l’U.S. Travel Association, déclare que la mesure risque d’avoir un effet dissuasif : « Chaque nouvelle barrière administrative, surtout lorsqu’elle touche à la vie privée, réduit mécaniquement l’attractivité des États-Unis comme destination touristique. » Même tonalité chez Roger Dow, ancien dirigeant de la même organisation, qui évoque un “chilling effect” sur les déplacements professionnels et touristiques : « Les voyageurs d’affaires veulent de la prévisibilité. Ce type d’exigence crée de l’incertitude, et l’incertitude détourne les flux. »

Un impact sur l'hôtellerie, l'aérien et les grands événements

Dans une note publiée mi-décembre, le cabinet Oxford Economics souligne que toute contraction du tourisme international vers les États-Unis aurait un impact direct sur l’hôtellerie, l’aérien et les grands événements internationaux à venir. Les organisations de défense des libertés numériques alertent, de leur côté, sur un possible effet d’autocensure des individus en ligne.

Interrogé à ce stade, le Quai d’Orsay n’a pas formulé de réaction officielle. À ce jour, aucune prise de position publique du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères n’a été enregistrée sur cette évolution envisagée de l’ESTA. Les pages officielles de conseils aux voyageurs ne mentionnent pas encore cette possible obligation, toujours au stade de projet, il faut le rappeler.

Une durcissement assumé des conditions d'entrée

Derrière une réforme présentée comme administrative, c’est un signal politique clair que l’exécutif américain envoie : celui d’un durcissement assumé des conditions d’entrée, y compris pour les pays alliés. Reste à savoir si la consultation publique de 60 jours qui s’achèvera le 9 février 2026, conduira à l’annulation, à des ajustements, ou si cette nouvelle frontière numérique deviendra, dès le 10 février 2026, un passage obligé pour entrer aux États-Unis.

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