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Jean-Marie Montali : "Le Commandant Massoud a sauvé l'honneur de sa religion"

Grand reporter ayant couvert l'Afghanistan pendant presque 40 ans et auteur de "Les larmes de Kaboul" aux éditions du Cerf, Jean-Marie Montali était l’invité de "Bercoff dans tous ses états".

Jean-Marie Montali
Jean-Marie Montali, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états" sur Sud Radio.

"Je crois sincèrement que l’Afghanistan est un de ces pays maudits puisque c’est un pays qui souffre de plusieurs malédictions", juge le grand reporter Jean-Marie Montali. "L’une de ces premières malédictions, c’est sa position géographique entre les empires et d’être si proche du Pakistan. Déjà au XIXe siècle, se jouait le grand jeu entre la Grande-Bretagne et la Russie qui espéraient passer par là pour les mers chaudes. Ensuite, il y a eu évidemment l’invasion soviétique en 1979".

Pour Jean-Marie Montali, "le voisinage du Pakistan est une vraie malédiction". "D’ailleurs les Talibans sont entièrement une création du Pakistan. C’est une milice afghane armée mais au service du Pakistan. Il y a d’autres malédictions en Afghanistan. Il y a évidemment la mosaïque ethnique avec les Pachtounes qui sont majoritaires, les Talibans sont de l’ethnie Pachtoune", explique le journaliste. "Le commandant Massoud, lui, était Tadjik, mais il y a d’autres ethnies. Tout ce petit monde parle une trentaine de dialectes différents, non seulement, il ne se comprend pas, mais en plus, il ne s’entend pas. Et puis évidemment, il y a les haines religieuses et une multitude de chefs de guerre. C’est un pays tribal, donc c’est également une guerre ethnique".

 

Jean-Marie Montali : "C'est important quelqu'un qui se soulève contre les fanatiques"

"En 1998, comme d’autres journalistes d’ailleurs, je n’étais pas le seul à suivre le commandant Massoud", raconte Jean-Marie Montali. "Je le suivais depuis déjà pas mal d’années en ayant l’impression de refaire à chaque fois le même reportage, le même texte. Le photographe avec qui je partais le plus souvent, Stephen Dupont, photographe Australien, avait l’impression de refaire les mêmes photos. Donc en 1998, je lui ai demandé ce qu’il avait toujours refusé de faire jusque là, de m’écrire une lettre m’expliquant pourquoi il se battait. Pourquoi il était important, pour nous en Europe ou en occident, d’aider la résistance afghane".

"A l’époque c’était la résistance afghane contre les talibans", explique l’auteur de Les larmes de Kaboul. "Massoud après s’être soulevé contre le communisme, s’est soulevé contre l’intégrisme religieux. Je pense que c’est important quelqu’un qui se soulève comme ça contre les fanatiques. C’est quelqu’un qui sauve l’honneur de l’humanité. Et, probablement, vu d’Europe, dans un contexte des attentats que l’on connaît, il a sauvé l’honneur de sa religion".

 

Le Commandant Massoud a été "formé à la doctrine des Frères musulmans"

Le Commandant Massoud "était un personnage très charismatique", selon Jean-Marie Montali. "Moi s’il est permis de dire que j’aimais un homme, c’est bien celui-là. Il était très charismatique, il était très intelligent, il était très généreux, il était évidemment pour un Islam des lumières mais ça n’a pas été aussi facile".

"Lorsqu’on était jeune Afghan dans les années 70, si on voulait s’opposer à la royauté ou au communisme ou plus tard à l’invasion soviétique, on était, très certainement, et le plus souvent, formé à la doctrine des Frères musulmans. Il l’a été également", raconte Jean-Marie Montali. "C’est au fil des années qu’il s’est adouci, qu’il s’est apaisé et qu’il a compris que l’Islam politique n’était pas forcément une réponse. Mais l’Islam apaisé, oui, dans le respect des traditions afghanes. Certainement pas une charia comme on le connaît aujourd’hui avec les talibans".

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

 

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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