1943, année charnière
1943. C'est l'année où le 1er novembre à Alger, Fernande Attali donna naissance au petit Jacques qui deviendra l'économiste et écrivain que l'on connaît tous. C'est également, l'année où le décret Crémieux est réinstauré faisant des juifs d'Algérie des citoyens Français. Une année charnière, après le premier débarquement américain sur le sol français, à Alger, le 8 novembre 1942, qu'il nomme dans son dernier ouvrage "l'année des dupes".
Un débarquement "accueilli par des tirs de l'armée française", rappelle Jacques Attali. "C'est un groupe de courageux résistants qui ont organisé l'arrivée des Américains", raconte-t-il, précisant que ces résistants seront ensuite emprisonnés par les soldats fraîchement débarqués qui "donnent le pouvoir à l'amiral Darlan". "Il aura fallu au moins six mois pour que progressivement les lois de Vichy soient abolies", souligne l'écrivain. Des lois "instaurées en Algérie depuis 1940 en absence de tout Allemand", note-t-il, démontant l'argument "de la contrainte allemande".
Empêcher les Allemands d'atteindre les points de pétrole
Selon lui, "beaucoup de lois de Vichy ont été inspirées, initiées par les Européens d'Algérie", comme l'interdiction aux étudiants juifs de fréquenter l'université d'Alger, "demandée par l'Unef". Autre réalité souvent oubliée d'après l'auteur, "il y avait des camps de concentration pour des hommes politiques, résistants". Pas des camps "de la mort" comme à Auschwitz, mais plutôt "des camps de travail", comme à Buchenwald.
La nationalité française ne sera rendue aux juifs qu'un an après le débarquement. Charles De Gaulle rétablit le décret Crémieux "avec beaucoup de réticence", selon Jacques Attali pour qui, "l'intention des Américains n'était pas de libérer la France mais d'en faire un front de diversion pour laisser du temps à Staline sur le front de l'Est", avance l'économiste. "Ils voulaient aller vers l'Égypte et l'Irak pour que le pétrole ne soit pas disponible aux Allemands qui auraient pu alors attaquer l'Amérique sur leurs côtes", continue-t-il. Après l'assassinat de Darlan, le pouvoir ne revient toujours pas aux résistants, "mais à son adjoint". Les valeurs démocratiques, elles, "ne viendront que beaucoup plus tard dans la bataille", note Jacques Attali.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !