Le dernier recueil annuel de dessins de Plantu s'intitule Media Culpa : L'année de Plantu 2025 (Éditions Calmann-Levy), il est disponible en librairies.
"Les Français détestent les journalistes et les politiques, alors qu'ils rêvent tous d'être des journalistes ou des politiques"
Valérie Expert : Votre dernier livre s'appelle Media culpa. C'est une forme de mea culpa que vous faites personnellement. Mais vous demandez aussi aux politiques de faire leur mea culpa, et vous taclez un petit peu les médias. J'ai trouvé que cette préface était l'une des plus personnelles que vous ayez faites.
Plantu : J'y tiens beaucoup parce que, à la fois, j'aime ma famille. Ma famille, c'est les médias. J'ai quand même travaillé pendant 50 ans dans un quotidien que j'adore, Le Monde. Et puis, j'ai vu les petites choses qui pourraient être des dérives qui font que souvent, le marketing passe avant la ligne éditoriale. Et là, il y a une question à se poser. Et puis, je voudrais que ce livre permette aux électeurs et aux lecteurs de se réconcilier et avec le monde politique, et avec le monde médiatique. Parce qu'ils disent toujours la phrase : "Ah, les médias, c'est une bande de ceci cela ! Les politiques, c'est une bande de ceci cela !"… Alors qu'ils rêvent tous d'être journalistes ou d'être des politiques. Et moi, je dis : "Bienvenue au club !". Et si on peut réconcilier les Français avec les médias, les Français avec les politiques… je trouve que ce serait le début d'une amorce de conversation.
"C'était une énormité, publiée à 500.000 exemplaires, à la une du Monde avec mon dessin !"
Valérie Expert : Dans ce livre, vous vous interrogez sur le fait qu'on raconte pas mal de fake news. Vous-même êtes tombé dans le panneau…
Plantu : Je me souviens, à l'époque de Jean-Paul II, ils avaient dit sur M6 que Jean-Paul II est en train d'enregistrer un clip avec Plastic Bertrand. Je vais voir la fille du culturel, je tombe sur une stagiaire au journal, et elle me dit : "si, si, tu peux y aller". Je me dis : "Ça y est". Et non seulement j'ai fait mon "Jean-Paul II est en train d'enregistrer un clip", mais en plus j'ai demandé à la rédaction en chef. Et je leur dois énormément parce qu'ils ont toujours eu confiance en moi. Donc, je leur ai demandé d'écrire en-dessous : "Jean-Paul II enregistre un clip avec Plastic Bertrand". Et ils l'ont fait ! Publié à 500.000 exemplaires, à la une du Monde avec mon dessin. C'était une énormité ! À l'époque, il n'y avait pas les réseaux sociaux. Et c'est passé comme une lettre à la poste, alors que c'était n'importe quoi.
C'est pour ça que j'aime aller dans les écoles de journalisme, aller parler de "qu'est-ce que c'est qu'un micro-trottoir ?". On voit bien que de plus en plus, les micro-trottoirs, c'est fait pour faire plaisir au gars qui tient la caméra et pas pour que la personne, le citoyen de base se fasse filmer pour dire ce qu'il a vraiment dans le coeur. Il a compris qu'en gros, Macron est nul, très nul, il est vraiment archicon. Des 15 personnes interviewées, on garde 6, qui sont celles que voulait le journaliste avec son micro-micro et sa caméra à l'épaule.
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