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Pluralisme à la télévision : "On a une décision qui fait jurisprudence", assure François Jost

Par Jean Baptiste Giraud

François Jost, sémiologue, professeur émérite en sciences de l'information et de la communication à l'université Sorbonne-Nouvelle, était l’invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 15 février 2024 dans "Sud Radio Média".

François Jost
François Jost, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Saisi par l’ONG Reporters sans frontières, le Conseil d’État a enjoint à l’Arcom, le régulateur des médias, de réexaminer le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information, dans une décision rendue publique le 13 février 2024. Cette décision se base sur un rapport rédigé par François Jost. À noter aussi que ce réexamen arrive alors même que l’échéance du renouvellement des fréquences de CNews et de C8 approche.

 

François Jost : "Reporters sans frontières pensait que le pluralisme n’était pas effectif sur CNews"

Le Conseil d’État ne s’est servi que d’une partie du rapport rédigé par François Jost… "Le Conseil d’État a retenu la partie qui traitait des tendances des invités et du volume des courbes d’opinion représentées à l’antenne. J’ai travaillé sur 15 jours d’émissions sur CNews : une tranche le matin, une tranche à la mi-journée et une tranche le soir. Reporters sans frontières pensait que le pluralisme n’était pas effectif sur CNews. Ils m’ont donc demandé de faire une analyse objective de ce qui se passait : qui était invité, quels thèmes étaient traités etc. pour présenter au Conseil d’État des arguments pour dire : 'vous voyez, la chaîne n’est pas pluraliste'."

François Jost a réalisé son étude il y a deux ans, n’est-ce pas un problème ? "Je trouve que c’est dommage effectivement. Mais je peux vous dire que j’ai fait une sorte de contrôle de ce que j’avais dit sur cette chaîne il y a deux ans : par rapport à ce qu’elle est actuellement, ça ne bouleverse pas du tout les résultats", a-t-il assuré.

"Ce qui est inscrit dans les obligations de chaque chaîne, c’est qu’elle doit respecter le pluralisme"

Comme l’explique François Jost, le Conseil d’État exige désormais que les personnalités politiques ne soient plus les seules personnes s’exprimant à l’antenne dont le positionnement politique soit pris en compte. "Le Conseil d’État a dit : 'le pluralisme de l’information ne se limite pas au temps de parole des personnalités publiques'. Il a dit aussi que l’Arcom doit veiller à ce que les chaînes assurent, dans le respect de leur liberté éditoriale, l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinions, en tenant compte des interventions de l’ensemble des participants (chroniqueurs, animateurs, invités). C’est une décision qui fait jurisprudence, elle doit s’appliquer à toutes les chaînes.

Vous avez la loi de 1986 sur la liberté de communication. Elle dit : 'le pluralisme est la base de la démocratie, il faut que les chaînes soient pluralistes'. On demande à l’Arcom de se débrouiller pour [assurer le pluralisme dans les médias]. L’Arcom décide de ne s’intéresser qu’aux personnalités politiques. Or, vous conviendrez avec moi que les courants de pensée, ce n’est pas seulement politique. Alors, l’Arcom trouve une solution, c’est de compter le temps de parole des politiques. Maintenant on leur dit : 'ce n’est pas suffisant, il faut trouver autre chose pour que, quand quelqu’un vient parler chez vous, il ne soit pas considéré comme rien du tout'."

Les exigences qui s’appliquent à la radio et à la télévision ne sont pas les mêmes… "Pour la télévision, ce n’est pas le même régime que pour la radio. À la télévision, on est sortis à un moment du monopole où on n’avait qu’une seule pensée, où l’opposition n’avait même pas le droit de venir. À partir de 1982, on a une loi où on a ouvert. Et il y a eu des tas de radios et de télévisions privées. Mais ce qui est inscrit dans les obligations de chaque chaîne, c’est qu’elle doit respecter le pluralisme. Les radios, c’est différent : elles doivent respecter un pluralisme interne, à l’intérieur même de leurs antennes", a expliqué François Jost.

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.

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