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Pierre Lellouche : "On a abandonné une grosse part de notre souveraineté"

INTERVIEW SUD RADIO - Comment cela se fait-il que la gestion de notre pays se soit tellement dégradé ? Périco Légasse en parle sur Sud Radio le 23 octobre 2025 avec Pierre Lellouche, ancien secrétaire d'État aux Affaires européennes.

Pierre Lellouche
Pierre Lellouche, invité de Périco Légasse dans "Sud Radio La France dans tous ses états”.

Les choix faits à Bruxelles ne correspondent aux intérêts nationaux des États membres, a estimé Pierre Lellouche au micro de Sud Radio.

Pierre Lellouche : "C'est une quête permanente par la Commission européenne de pouvoirs fédéraux qui se substitue aux choix nationaux"

Périco Légasse : Je vous relance la phrase que le général Bonaparte lance aux Tuileries aux représentants du Directoire le jour du coup d'État du 18 brumaire de l'an 2 : "Qu'avez-vous fait de cette France que je vous avais laissée si brillante ?". J'imagine le général de Gaulle convoquer les six présidents de la République - on met Pompidou à part - de Giscard à Macron, en passant par Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande… Qu'avez-vous fait de cette France que je vous avais laissée si brillante ?

Pierre Lellouche : Ils ont fait ensemble le choix de s'en remettre à quelqu'un d'autre pour décider, c'est-à-dire un machin qui s'appelle l'Europe. Si c'est une confédération d'États-nations qui partage ensemble des compétences, c'est une chose. Si c'est la quête permanente par la Commission de pouvoirs fédéraux qui se substitue aux choix nationaux… Prenez l'agriculture - c'est une compétence fédérale. Regardez ce que ça donne avec le Mercosur ou la PAC. Le commerce extérieur, regardez ce que ça donne quand Madame von der Leyen va sur le terrain de golf du président Trump en Écosse se soumettre à une véritable extorsion de fonds, où les droits de douane américains passent de 3% à 15%. Et encore, c'est une concession qui dit "en échange de zéro". Donc, quand on accepte ça et qu'aucun chef d'État européen ne dit "Attendez, c'est quoi ? Si vous appelez ça un deal, c'est une honte !". Il s'est passé une chose : on a abandonné une grosse part de notre souveraineté à quelque chose qui était censé résoudre les problèmes. On disait à l'époque : "Ce n'est pas la peine de dépenser de l'argent dans la Défense, on va faire une défense européenne"… qui n'existe pas. [Il en va de même pour] la politique énergétique : on va abandonner le nucléaire pendant 30 ans !

"Pompidou est mort trop tôt"

Périco Légasse : Mais qu'est-ce qui est arrivé pour qu'on en arrive là ?

Pierre Lellouche : Pompidou est mort trop tôt, en 1973, c'est ça qui est arrivé. Depuis, on est parti dans la facilité. De Gaulle avait réussi à reconstruire ce pays, alors que nous étions dans une situation épouvantable de guerre coloniale finissante, d'attentats, de pauvreté, la décolonisation, l'arrivée de ces Français qui n'avaient rien… Une situation très, très difficile, en somme. On a réussi à reconstituer le pays de A jusqu'à Z en créant des institutions, en lançant des programmes technologiques phénoménaux en matière nucléaire, aérospatiale, d'informatique…

Il y avait un homme avec un commando qui ont reconstruit le pays. Et puis, malheureusement, son successeur est mort trop tôt. Et après, on a basculé dans ce que j'appellerais la facilité. La facilité qui consiste à dire : "Bon, la solution, elle est en Europe, on est trop petits maintenant". Et, petit à petit, on a abdiqué et on a orienté l'argent qu'on gagnait dans ce pays (à l'époque on n'était pas déficitaires… 51 années de déficit budgétaire consécutif - il n'y a pas un ménage ou une entreprise au monde qui peut se permettre ça). Tout cet argent, on l'a mis dans le filet social, dans toute la partie régalienne du pays : l'armée, la justice…

Cliquez ici pour écouter l’invité de Périco Légasse dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” de Périco Légasse chaque jour à 13h dans "La France dans tous ses états" sur Sud Radio.

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