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OQTF non exécutée, policier incarcéré : l’avocat d’Éric G. dénonce "une machine judiciaire qui broie"

TÉMOIGNAGE SUD RADIO - Depuis seize mois, Éric G. -fonctionnaire de police de 27 ans- est maintenu en détention provisoire pour avoir abattu un homme en situation irrégulière dans le garage de sa grand-mère, à Bobigny. Son avocat, Maître Laurent-Franck Lienard, dénonce le système judiciaire et réclame sa libération au micro de Sud Radio.

OQTF non exécutée, policier incarcéré : l’avocat d’Éric G. dénonce « une machine judiciaire qui broie » (photo de MivPiv de Getty Images Signature)
OQTF non exécutée, policier incarcéré : l’avocat d’Éric G. dénonce « une machine judiciaire qui broie » (photo de MivPiv de Getty Images Signature)

Depuis plus d’un an, Éric G., policier à la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière du 93, dort derrière les barreaux. Le 29 juin 2024, alors qu’il est de repos, Éric G. se rend au lever du jour chez sa grand-mère de 94 ans, qui se plaint d’avoir entendu des « bruits suspects » dans son garage. En fouillant l’habitation, le fonctionnaire de police tombe nez à nez avec Amar Slimani, un homme d’une trentaine d’années, de nationalité algérienne et et en situation irrégulière, qui squatte la dépendance familiale depuis plusieurs jours.

Face à lui, Éric G. a le sentiment d’être face à une menace imminente. Selon lui, l’intrus se serait « montré agressif et l’aurait menacé avec un objet qu’il aurait pris pour une arme ». Pris de panique, il tire sept fois en direction d’Amar Slimani qui, touché par cinq balles, meurt sur le coup.

"Il s'est vu mort, il a eu la peur de sa vie"

Pour Maître Laurent-Franck Lienard, avocat du détenu, il ne s’agit pas d’un meurtre.. mais d’un drame de la peur. En effet, il assure que son client a simplement réagi dans une situation où il s’est cru condamné. « Mon client n’a jamais nié qu’il avait eu peur. Il s’est vu mort, il a eu la peur de sa vie », explique-t-il au micro de Périco Légasse sur Sud Radio. Pris de panique, Éric G. aurait, selon lui, pris en une fraction de seconde « la pire décision de sa vie : tirer sur quelqu’un ».

Pour l’avocat, le maintien en détention du fonctionnaire de police est incompréhensible. « Ce policier n’a rien à faire en prison, c’est un scandale », martèle-t-il. Pour l’avocat, c’est aussi l’occasion de mettre la lumière sur la condition psychologique actuelle de son client. « Aujourd’hui, Éric est l’ombre de lui-même. Ils l’ont broyé », ajoute-t-il en décrivant un jeune homme pourtant auparavant « sportif et qui avait la vie devant lui ».

Une détention jugée "kafkaïenne"

En seize mois, sept demandes de remise en liberté ont été déposées par la défense... toutes rejetées. La dernière, pourtant acceptée par le juge des libertés et de la détention (JLD), a aussitôt été contestée par le parquet de Bobigny. Une décision qui provoque la colère de Maître Laurent-Franck Lienard : « Il y a seize mois, le parquet demandait un simple contrôle judiciaire. Aujourd’hui, il réclame le maintien en détention. C’est totalement kafkaïen ».

Lundi prochain, l’avocat d’Éric G. retournera plaider devant la chambre de l’instruction, une instance qui a déjà pourtant confirmé à six reprises la détention du policier. Dans ce contexte, le défenseur du policier craint une nouvelle issue défavorable : « J’ai peur qu’il reste en prison alors qu’il n’y a plus aucune motivation juridique pour qu’il y soit ».

"Une justice qui broie les policiers"

Pour la défense, cette affaire illustre la judiciarisation excessive de l’action policière. En effet, Maître Lienard dénonce un système où « l’appréciation de l’action policière est complètement dévoyée ». Selon lui, en France, la moindre erreur d’appréciation devient un crime, sans distinction entre le policier qui enfreint volontairement la loi et celui qui agit pour se défendre.

« Quand un policier se trompe dans une situation de stress, on le traite comme un criminel », regrette-t-il. En clair : Maître Lienard fustige une « machine judiciaire qui broie les gens sans scrupule et sans mesure ».

En toile de fond, la question des OQTF

L’affaire Éric G. s’inscrit dans un contexte où le débat sur les obligations de quitter le territoire français (OQTF) prend une ampleur croissante -notamment après le meurtre de Lola et le procès de son bourreau Dahbia Benkired, une Algérienne de 27 ans visée par une OQTF. En 2024, d’après l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), la France a prononcé 140 000 OQTF, mais seules 20 000 à 24 000 ont été exécutées.

Parmi elles, moins de 3 000 concernaient des ressortissants algériens, sur environ 33 000 personnes en situation irrégulière. Pour certains observateurs, ces chiffres confèrent à l’affaire Éric G. une dimension symbolique : celle d’un policier emprisonné… pendant que les expulsions demeurent rares.

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