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Meurtre de Lola : un procès qui relance la polémique sur les OQTF non exécutées

DECRYPTAGE SUD RADIO - Trois ans après le meurtre atroce de Lola Daviet, 12 ans, la cour d’assises de Paris juge depuis ce vendredi Dahbia Benkired dans cette affaire qui avait bouleversé l’opinion publique. Accusée de viol, torture et meurtre sur mineure, la jeune femme d’origine algérienne était sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) au moment des faits.

Procès meurtre Lola OQTF
Dahbia Benkired, accusée d'avoir violé, torturé et tué Lola en 2022 (AFP)

Le procès de la meurtrière de Lola qui s'est ouvert ce matin dans une atmosphère lourde d’émotion, remet au cœur du débat une question sensible : comment une personne sous OQTF a-t-elle pu rester sur le territoire et commettre un tel crime ? Dahbia Benkired, 27 ans, Algérienne, avait reçu une OQTF en août 2022, deux mois avant le meurtre de Lola. Faute de suivi administratif ou de moyens coercitifs, elle n’avait pas été reconduite à la frontière. Ce drame a révélé les failles du système de contrôle des expulsions non exécutées, déjà critiqué par plusieurs rapports parlementaires et par une partie de la classe politique depuis de nombreuses années déjà.

Le Pen : "Combien de Lola faudra-t-il encore pour que l’État applique enfin ses propres lois ?"

À droite et à l’extrême droite, l’État est pointé du doigt et accusé de laxisme. Certains élus dénoncent une « défaillance d’État » et réclament des mesures plus strictes pour l’exécution des OQTF. D’autres appellent à la création d’un fichier national des personnes sous OQTF, assorti de contrôles renforcés et de placements en centre de rétention.

Pour Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement National, « Combien de Lola faudra-t-il encore pour que l’État applique enfin ses propres lois ? L’impunité migratoire tue. » a-t-elle déclaré sur Europe 1. Marion Maréchal, vice-présidente de Reconquête, appelle, elle, à une réforme constitutionnelle : « Il faut sortir des carcans juridiques européens qui empêchent l’expulsion des étrangers en situation irrégulière. » Enfin, Éric Ciotti, président des Républicains, a dénoncé une « faillite gravissime de l’État » et souligné que « ce drame aurait pu être évité si l’OQTF avait été exécutée. Il faut des mesures coercitives immédiates pour protéger les Français. »

Darmanin : "Nous devons améliorer le taux d’exécution des OQTF"

Côté centre, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a reconnu des « défaillances administratives » : « Nous devons améliorer le taux d’exécution des OQTF, mais dans le respect du droit et des engagements internationaux. » tandis que Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale (Renaissance), s'est voulue encore plus prudente en appelant à « ne pas instrumentaliser le drame ». Et de temporiser : « La justice est en cours. Ce n’est pas le moment de faire de la politique sur le dos d’une famille endeuillée. »

Bompard : "Pas de récupération politique indécente"

Enfin, à gauche, on en appelle à la nuance et au respect des droits. A commencer par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, qui a mis en garde contre les amalgames : « Ce crime atroce ne doit pas servir à stigmatiser une population entière. L’État doit mieux fonctionner, mais sans dérive sécuritaire. » Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, a, lui, dénoncé une « récupération politique indécente » : « La droite et l’extrême droite exploitent la douleur d’une famille pour justifier leur obsession xénophobe. »

Seulement 7,5% d'OQTF exécutées en 2024

Selon les données du ministère de l’Intérieur, plus de 120 000 OQTF ont été prononcées en 2024, mais seulement 7,5 % ont été effectivement exécutées. Les obstacles sont multiples : recours juridiques, absence de coopération des pays d’origine, manque de places en rétention.

Une affaire qui va raviver les tensions

Le gouvernement avait promis une réforme de la politique migratoire incluant un volet sur les OQTF. Mais celle-ci est restée lettre morte, bloquée par des désaccords au Parlement et des tensions avec les partenaires européens.

Prévu durant six jours, le procès de Dahbia Benkired devrait donc tout à la fois mettre la pression sur l'exécutif, relancer la polémique et raviver les tensions autour de la question migratoire, de l’exécution des expulsions, de la responsabilité de l’État ainsi que de la sécurité des citoyens face aux défaillances administratives.

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