Et si l’ADN familial permettait de faire parler les affaires les plus anciennes ? Gérald Darmanin veut donner aux enquêteurs français les mêmes moyens qu'ont leurs homologues américains : la possibilité d’exploiter la généalogie génétique pour identifier les auteurs de crimes restés impunis. Un tournant technologique qui, selon lui, pourrait débloquer plusieurs dizaines de dossiers en sommeil.
Un outil puissant mais encore interdit en France
Pour l’heure, la législation française empêche l’usage de la généalogie génétique à des fins judiciaires. Les "biobanks" — ces bases de données issues de tests ADN récréatifs largement utilisés aux États-Unis — restent interdites dans l’Hexagone par les lois de bioéthique. Ces plateformes permettent pourtant d’analyser des centaines de milliers de marqueurs génétiques, contre seulement une vingtaine dans les fichiers français actuels. La différence est immense : c’est comme comparer la précision d’un Nokia 3310 à celle d’un écran très haute définition.
Selon Gérald Darmanin, ce retard technologique freine les enquêtes. Faute d’un ADN complet, les policiers doivent parfois convoquer des centaines de personnes dont les profils génétiques présentent des similitudes partielles avec celui trouvé sur une scène de crime. L’exploitation de marqueurs beaucoup plus précis permettrait de réduire ces démarches fastidieuses et de résoudre, en quelques heures, des affaires qui aujourd’hui exigent des mois d’investigations.
Déjà un précédent avec le "Prédateur des bois"
Les forces de l’ordre françaises ont déjà pu mesurer l’efficacité de cette méthode, en collaboration avec le FBI. Fin 2022, cette coopération internationale a permis d’identifier et d’arrêter celui que les médias ont surnommé le "Prédateur des bois", un homme accusé d’avoir violé cinq adolescentes entre 1998 et 2008. C’était la première fois que la généalogie génétique permettait une arrestation sur le territoire français.
Fort de ce succès, Gérald Darmanin veut désormais inscrire cette pratique dans la loi. Le ministre estime qu’une trentaine de "cold cases" pourraient être élucidés dès les premières années de mise en œuvre. Il souhaite ainsi doter la justice et la police d’un outil déjà éprouvé ailleurs, mais dont l’utilisation devra s’accompagner d’un encadrement strict afin de préserver la vie privée des citoyens.
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