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Attentat de Levallois : "Un profil inquiétant, qui intrigue énormément les enquêteurs"

Par Benjamin Jeanjean

Une semaine après sa tentative d’attentat contre des militaires de l’opération Sentinelle à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), l’enquête reste suspendue à l’état de santé du suspect. Les précisions de Philippe Cohen-Grillet, spécialiste police-justice de Sud Radio.
 

Un militaire de l'opération Sentinelle (©Alain Jocard)

Comme un air de déjà vu. La semaine dernière, des militaires de l’opération Sentinelle ont été une nouvelle fois la cible d’une tentative d’attentat, à Levallois-Perret. Depuis l’arrestation du principal suspect, l’enquête peine à avancer, comme le confirme Philippe Cohen-Grillet, invité du Grand Matin Été sur Sud Radio. "C’est un profil inquiétant, qui intrigue énormément les enquêteurs. Hamou Benlatrèche a 37 ans, il est de nationalité algérienne. Pour le moment il est hospitalisé dans un état grave puisqu’il a reçu cinq balles lors de son arrestation, dont une dans la colonne vertébrale. Il n’est pas en état de s’exprimer, les enquêteurs ne peuvent donc pas avoir directement accès à ses propos, ses explications et son éventuelle revendication. Ils se sont donc concentrés sur son entourage qui a été entendu. Une perquisition a eu lieu à son domicile à Bezons, dans le Val-d’Oise et des éléments informatiques ont été saisis et exploités. Pour le moment, il n’y a aucune piste très précise, en revanche l’acte terroriste en lui-même ne fait strictement aucun doute", explique-t-il.

"Des individus peuvent être isolés, mais jamais seuls"

Impossible donc de soulever autre chose que des hypothèses quant à une éventuelle revendication de cette attaque. "En général, l’État Islamique ne revendique pas des attentats ou des actions "d’opportunité". Ils attendent toujours que l’auteur de l’attentat ait fait allégeance ou fasse partie d’un commando dépêché sur place", précise Philippe Cohen-Grillet, qui entend néanmoins mettre en garde contre la dénomination de "loup solitaire". "En général, les enquêteurs excluent toujours ce que l’on appelle un peu rapidement dans le langage médiatique les "loups solitaires". On s’aperçoit toujours que des individus peuvent être isolés, mais jamais seuls. C’était le cas par exemple de l’individu qui a foncé dans une voiture sur une fourgonnette de la gendarmerie sur les Champs-Élysées, ainsi que du terroriste qui s’en était – déjà – pris à des militaires à l’aéroport d’Orly. Si ces personnes-là ne sont pas fichées ou identifiées comme radicalisées, on trouve tout de même très rapidement dans leur entourage des personnes qui sont sur les écrans radar", analyse-t-il.

"Il y a eu un repérage calculé et très précis"

Reste à savoir désormais si l’état de santé du suspect paralyse entièrement l’enquête ou si celle-ci patine pour d’autres raisons. "Il y a évidemment des éléments que la justice n’a pas vocation à mettre sur la place publique. Il est évident que cette tentative d’attentat est tout sauf improvisée, quand on connaît un petit peu la configuration des lieux à Levallois-Perret et les heures de relève de l’opération Sentinelle à 800 mètres à vol d’oiseau du siège de la DGSI… Quand on habite à Bezons dans le Val-d’Oise et qu’on va s’en prendre à des militaires de l’opération Sentinelle au parc de la Planchette à Levallois, on peut être sûr qu’il y a eu un repérage calculé et très précis. (…) Pour le moment, la médecine prime sur la justice. Il est nécessaire de prendre le plus grand soin de l’état physique de cet individu pour qu’il soit à même de répondre aux très nombreuses questions des enquêteurs. Dès qu’il sera en état de répondre, il sera placé en garde à vue. Ça peut se faire à l’hôpital, ça peut durer 96 heures. Il sera sans doute mis en examen, et peut très bien être entendu à l’hôpital par les agents de la DGSI ou le juge d’instruction lui-même", assure Philippe Cohen-Grillet.

Retrouvez ici l'intégralité de l'interview de Philippe Cohen-Grillet dans le Grand Matin Été

 

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