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Un agriculteur du Tarn boycotte le Salon de l'Agriculture pour faire part de sa colère

Par Mathieu D'Hondt

Un agriculteur du Tarn a décidé de boycotter le Salon de l'Agriculture pour témoigner du désespoir de toute une profession. Rencontre.

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Grand habitué du Salon de l'Agriculture, où il se rend chaque année depuis maintenant 5 ans afin de participer au concours agricole, Florian Belot, jeune éleveur du Tarn, a pourtant décidé cette année de boycotter l'événement qui se tiendra Porte de Versailles, à Paris, du 24 février au 4 mars. Un boycott qui raisonne comme un cri de détresse trahissant la colère et le désespoir de toute une profession. Nous l'avons rencontré.

"Dans 10 ans, il n'y aura peut-être plus de Salon car il n'y aura plus d'agriculteurs"

Alors que le salon s'ouvre dans un contexte morose, Florian n'a ainsi pas le cœur à se rendre dans la capitale pour y exposer ses bêtes. En dépit d'une récompense qui lui tendait les bras, l'agriculteur, dont l'exploitation se situe dans la petite commune de Beauvais-sur-Tescou, a donc fait le choix de décliner l'invitation des organisateurs. Il nous en détaille les raisons. "On a réfléchi un moment et on a dit : 'cette année, on n'y va pas, on n'a pas le moral pour aller à Paris", explique-t-il sans le moindre regret. "On n'y va pas pour dire au gens : 'dans 10 ans, il n'y aura peut-être plus de Salon de l'Agriculture, parce qu'il n'y aura plus d'agriculteurs", ajoute-t-il.

Cette décision de renoncer à participer à la "plus grande ferme de France", Florian l'a prise lors de la récente mobilisation contre la réforme cartographique des Zones agricoles défavorisées. Un mouvement qui, à son grand désarroi, n'a pas eu l'effet escompté. Conscient que le malaise du monde rural et agricole demeure profond, il ne réclame rien d'autre qu'une réponse politique adéquate et souhaiterait que l'opinion public, d'ordinaire peu sensible au sort des agriculteurs, prennent enfin conscience de l'ampleur de la crise. D'où ce boycott, qu'il espérait plus massif et même généralisé. "On n'est pas cohérent ! On a passé 15 jours sur les routes de Toulouse à bloquer les gens et maintenant, on part à Paris faire la fête ?", interroge-t-il ironiquement. "Non, il faudrait qu'ils (les agriculteurs) rentrent et qu'il n'y ait personne. Un salon vide, ce serait un symbole fort !", préconise-t-il avec fermeté.

En ne participant pas à la "fête", Florian espère donc éveiller les consciences quant à la situation préoccupante des campagnes, où le désespoir de certains exploitants conduit le plus souvent à de dramatiques faits divers. Ainsi, outre ceux qui n'ont d'autres choix que de vendre leur exploitation, de plus en plus d'agriculteurs acculés mettent fin à leurs jours. 

Pour rappel, en France, un agriculteur se suicide tous les deux jours.

Propos recueillis par Christine Bouillot

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