Dans l’absolu, il y a de la place bien sûr. L’Europe vieillit et décroît démographiquement. Et les grandes migrations sont le défi majeur du siècle. Migrations climatiques, migrations économiques. Le pape François demande d’accueillir l’étranger selon les paroles du Christ dans les Évangiles. « J’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’avais soif et vous m’avez donné à boire ». Ouvrir sa porte à son prochain, cela devrait être une évidence en terre chrétienne. La chancelière allemande Angela Merkel l’a fait en bonne fille de pasteur en 2015. Elle en paie maintenant le prix politique avec l’arrivée d’1 million 500 000 migrants. Parlons vrai sur Sud Radio. Le pape François est le petit fils d’un Italien qui a émigré en Argentine. Une immigration où tous se fondaient dans la même culture judéo-chrétienne. Au Maroc, le Saint-Père a insisté sur le devoir d’accueillir, de protéger, de promouvoir et d’intégrer. Il demande quand même aux migrants de respecter les lois et les cultures du pays d’accueil. Mais il assume que les chrétiens soient ou deviennent minoritaires sur leur propre sol. Ce qui compte ce n’est pas le nombre, c’est leur présence, dit-il. Que ces chrétiens soient « le sel de la terre ». « Qu’ils aient la capacité à produire du changement, de l’accueil, de la compassion ». Au niveau individuel, il peut y avoir de belles histoires humaines à travers l’accueil charitable de migrants. Au niveau d’un pays et de tout un continent, c’est compliqué.
Qu’est ce qui pose problème ? Le poids des migrants qui sont de religion musulmane ?
En soi, le pape François a raison. Aucune migration ne pose problème. Il y a 258 millions de migrants dans le monde, les migrations touchent tous les pays et les flux de population ont toujours existé. Mais l’Europe ne peut faire une place à des milliers de migrants qu’en étant forte de ses valeurs judéo-chrétiennes. C’est ce que dit un autre homme d’église : le cardinal Robert Sarah. Il est Guinéen. Il met en garde contre l’effondrement de l’Occident. Déséquilibre démographique, religieux et culturel sans précédent. Face à l’islam, dit-il, « l’Europe doit énoncer fermement à quelles conditions on peut partager sa vie et sa civilisation ». Certains pays commencent à le faire : la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche et l’Italie. Et le cardinal Sarah prêche le contraire du pape François : il ne faut pas encourager les migrants à venir en Europe. Il faut tout faire pour qu’ils puissent rester dans leur pays en aidant l’Afrique à se développer notamment. Le cardinal Sarah est à la fois très spirituel et très pragmatique. Le pape François, lui, doit d’abord redonner du lustre à sa maison qu’est l’Eglise avant de faire de la politique.