Sécurité intérieure, slogans anti-police, crise du narcotrafic, budget de la Sécurité sociale, responsabilité du gouvernement, positionnement de Nicolas Sarkozy, alliances politiques, avenir de la droite, Europe et déficit commercial. Au micro de Sud Radio, François-Xavier Bellamy, député européen et vice-président délégué des Républicains, a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Ce qui tue, ce n'est pas la force de l'État, mais sa faiblesse"
Jean-François Achilli : À Lyon, lors de la Fête des Lumières, les slogans “la police blesse et tue” ont été projetés sur la façade du Musée des Beaux-Arts. Votre réaction ?
François-Xavier Bellamy : “Ces slogans sont évidemment totalement indécents, d'une stupidité sans nom, et au-delà du caractère totalement immature de cet acte, il y a une provocation infiniment dangereuse”. “En faisant cela, les militants des Soulèvements de la Terre mettent une cible dans le dos des policiers et des gendarmes”. “Pratiquer un amalgame aussi grossier, aussi lamentable, une accusation aussi absurde, c’est en fait mettre en danger la vie de ceux qui nous protègent tous les jours”. “Je pense à ceux qui portent l’uniforme et à leurs familles, qui les voient partir le matin avec l’inquiétude de savoir s’ils reviendront demain.”
Slogans anti-police à #Lyon : "C'est une provocation infiniment dangereuse. Les @lessoulevements mettent une cible dans le dos des forces de l'ordre" dénonce @fxbellamy (@lesRepublicains) #GrandMatin
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Pour vous, ces slogans mettent clairement en danger les forces de l’ordre ?
“Il suffit de penser au nombre de policiers, de gendarmes blessés ou tués dans l’exercice de leur devoir au cours des dernières années pour mesurer la réalité de l’indécence d’une telle accusation.”
Le même week-end, Rennes et Échirolles ont connu des fusillades liées au narcotrafic. Quel lien faites-vous entre ces événements et les slogans anti-police ?
“La preuve que c’est la meilleure réponse possible aux Soulèvements de la Terre, c’est que ce qui tue dans ce pays, ce n’est pas la force de l’État, mais sa faiblesse”. “Ce qui tue, ce n’est pas la police et la gendarmerie, mais le manque de moyens donnés à nos forces de l’ordre pour agir et le manque de volonté, parfois le manque de moyens, de la justice pour sévir et sanctionner.”
Les auteurs des slogans doivent-ils être sanctionnés ?
“Bien sûr, mais c’est absolument évident, parce que le rétablissement de l’autorité de l’État passera aussi par là.”
"Si le Premier ministre engageait la responsabilité de son gouvernement, oui, je voterais la censure"
Bruno Retailleau juge le budget de la Sécurité sociale “pas votable”. Pourquoi les députés LR envisagent-ils l’abstention plutôt que de voter contre ?
“Ce budget n’est pas votable : il est impossible de souscrire à un budget qui ne traduit que l’expression de l’ampleur du déni de réalité qui pèse sur notre vie politique aujourd’hui”. “Je suis sidéré de l’ampleur de la distance entre l’ambiance de notre débat en France et le regard que portent les Européens sur la situation du pays”. “La France s’enfonce dans le déni de réalité, avec une insouciance stupéfiante, alors que tous les Européens angoissent du moment où le pays pourrait être pris dans une crise de la dette". “Cette discussion budgétaire n’est que l’expression d’une forme de démagogie improbable.”
Si le budget est rejeté, Sébastien Lecornu doit-il démissionner ?
“En tous les cas, ça voudra dire que le gouvernement aura échoué sur la manière dont il espérait jusque-là survivre, c’est-à-dire s’acheter du temps”. “Acheter du temps quitte à brader les réformes dont la France a besoin pour se projeter dans la durée”. “Ce serait un échec, mais ce serait surtout l’échec salutaire d’une manière de tenter de survivre en cédant sur l’essentiel.”
Maintenez-vous vos propos écrits dans une tribune où vous affirmiez que vous voteriez la censure ?
“Ce vote n’est pas un vote de censure”. “Si le Premier ministre engageait son gouvernement sur la suspension de la réforme des retraites ou sur un budget qui augmente les impôts sans réduire les dépenses, oui, je le redis, je voterais la censure si j’étais à l’Assemblée nationale”. “L’intuition que je partageais au début de ce débat budgétaire n’a cessé de se confirmer.”
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Selon vous, le mal est déjà fait ?
“Que ce budget soit voté ou non, le mal que cette discussion budgétaire aura fait au pays est terrible”. “Je vois des chefs d’entreprise hésiter à investir, renoncer à s’engager, parfois projeter de quitter le pays". “Je vois beaucoup de Français qui travaillent dur et qui n’arrivent plus à savoir comment leurs impôts vont évoluer”. “Le mal a été terrible et il est temps d’arrêter les frais.”
Le maintien de Sébastien Lecornu importe-t-il encore ?
“Ce n’est pas que ça m’est égal, mais ce qui compte, c’est sur quelle base”. “L’important est de dire la vérité aux Français et de montrer la direction à prendre pour regagner des années de prospérité future, pas quelques semaines dans un concours de démagogie.”
"Je suis heureux que Nicolas Sarkozy prenne cette position"
Nicolas Sarkozy affirme qu’il ne soutiendra pas de front républicain contre le Rassemblement national. Partagez-vous sa position ?
“Le vrai danger pour la France, c’est cette alliance entre la gauche et la France insoumise”. “S’allier avec cette vision de la politique, c’est s’allier avec le pire”. “Je suis heureux que Nicolas Sarkozy prenne cette position, puisque c’est aussi celle que j’ai défendue dans le passé.”
La digue républicaine est-elle en train de céder ?
“Ce n’est pas que la digue est en train de sauter, la digue qui a sauté depuis longtemps, c’est celle que la gauche a accepté de faire exploser quand Olivier Faure a signé un accord avec Jean-Luc Mélenchon.”
Martine Vassal a déclaré “on verra bien” sur le second tour. La droite peut-elle s’allier avec le RN ?
“Martine Vassal défend nos couleurs”. “Si la droite ne se reconstruit pas, le risque est que la gauche continue de l’emporter”. “La vraie question, c’est comment sortir de cette situation désastreuse.”
Faut-il dialoguer avec le RN ?
“Ce n’est pas une question de dialogue". “La vraie question est d’avoir une force politique qui assume d’être la droite et de porter un programme cohérent”. “Marine Le Pen dit qu’elle n’est ni de gauche ni de droite, comme Emmanuel Macron le disait avant elle.”
Laurent Wauquiez propose une union des droites de Gérald Darmanin à Sarah Knafo. Est-ce possible ?
“Il y a-t-il un monde possible dans lequel Gérald Darmanin soutiendra Sarah Knafo ou l’inverse ? Je ne crois pas”. “La force d’une candidature, ce n’est pas l’empilement de strates électorales mais un projet suffisamment convaincant pour le pays.”
Une primaire pourrait-elle départager les candidats ?
“Je ne vois pas comment une primaire de cette nature pourrait avoir lieu demain”. “Le plus important n’est pas de gagner la présidentielle, mais de fonder cette victoire sur la vérité pour qu’elle soit utile au pays demain.”
"Assumer nos racines, nos valeurs, notre histoire, notre identité, c’est la condition de notre avenir"
Emmanuel Macron menace la Chine de droits de douane. La France a-t-elle les moyens de cette politique ?
“La France malheureusement non". “L’Europe en aurait les moyens et même le devoir". “Mais la France est le pays qui peut le moins se permettre de donner des leçons sur le commerce international”. “Notre déficit commercial est peut-être le plus préoccupant pour la vie de notre pays.”
L’Europe risque-t-elle l’effacement civilisationnel évoqué par l’administration Trump ?
“Le risque que connaît l’Europe est existentiel”. “Un continent qui oublie ses racines, une civilisation qui oublie son histoire aura du mal à trouver son avenir". “Assumer nos racines, nos valeurs, notre histoire, notre identité, c’est la condition de notre avenir et de toute liberté pour demain.”
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