On pourrait penser après ce samedi, relativement plus calme que les quatre précédents, que l’exécutif a repris la main. Mais rien n’est réglé. C’est un samedi en trompe-l’œil qu’on a vécu. Certes, les gilets jaunes de bonne foi ont calmé le jeu. Le pouvoir de son côté, après avoir senti passer le vent du boulet, semble avoir enfin compris la gravité de la crise. Mais tout ça est très précaire !
D’abord parce qu’il va falloir que les 100€ de mieux par mois promis par Emmanuel Macron aux smicards soient réellement effectifs fin janvier. Il faut que ces mesures de coup de pouce salarial se voient vraiment sur les revenus et qu’il ne s’agisse pas d’un dispositif trop compliqué, d’une usine à gaz dont les gens concernés ne voient pas les effets. Or, ce n’est pas gagné : c’est compliqué à mettre en place et Bercy s’inquiète du coût des mesures sur le budget.
Il faut aller d’autant plus vite que le prélèvement à la source va entrer en vigueur au même moment. Et imaginez ce qui va se produire si, non seulement la hausse promise de 100€ par mois sur les petits revenus n’est pas perçue comme réelle et qu’en plus ceux qui ont du mal à boucler leurs fins de mois (mais qui payent des impôts) se sentent floués en découvrant une fiche de paie amputée fin janvier. L’impact politique de ce double choc psychologique au sein des classes moyennes peut avoir un effet ravageur. Et c’est un des cauchemars de l’Élysée…
Tout ça bien évidemment dans un contexte où Emmanuel Macron n’a pas beaucoup de marge de manœuvre politique. Dans ses annonces de lundi dernier, le président de la République s’est refusé à ajouter un volet politique à ses mesures sur le pouvoir d’achat. Il n’a pas touché à sa mécanique politique. Pas de remaniement, pas de dissolution, pas d’annonce de réforme des institutions… Il garde peut-être cela en réserve pour la fin du fameux « grand débat national » qu’il a promis et qui devait débuter samedi.
Mais rien n’a eu lieu samedi. Ça traîne visiblement. Mais là encore si Emmanuel Macron ne donne pas l’impression qu’il est à la manœuvre pour que ce grand débat ait lieu, vite et bien. Et si la montagne accouche d’une souris, si ces consultations ne débouchent sur rien sur le plan politique, alors le président se retrouvera vite au printemps, encore plus démuni que cet hiver.