Nous sommes tous fichés. Mais depuis longtemps ! Il existe des centaines de fichiers. Les plus célèbres : celui des empreintes génétiques, celui des interdits de stade, celui des données des passagers aériens. Le seul fichage interdit, parce que jugé discriminatoire, c’est le fichage ethnique. Mais il y a aussi un sacré mouchard qui fait que nous sommes suivis à la trace : notre smartphone. Notre voiture aussi lorsque nous activons le GPS. Donc nous n’échappons plus au fichage. Mais le pire c’est que nous l’alimentons ! En mettant des photos de vacances sur Facebook, en postant sa description physique sur un site de rencontre, en racontant sa vie sur Twitter… La frontière entre vie privée et publique s’émousse et nous sommes épiés sur la toile. Mais, chaque fois, nous cochons une case pour dire que nous sommes d’accord ! Tous les acteurs du numérique exploitent nos données mais en principe ils ne les vendent pas à des tiers. Le danger n’est pas là. Le danger c’est quand subrepticement on utilise votre profil Facebook dans une campagne électorale. Aux États-Unis, 87 millions de profils Facebook utilisés pour le compte de la campagne présidentielle de Donald Trump. Le danger donc : quand le fichage permet la manipulation.
Nous contribuons au fichage en laissant nos données un peu partout y compris dans un ordinateur. Donc le mouvement est irréversible ?
Oui. Se poser la question du droit à la vie privée n’a plus de sens. Nous n’avons plus de vie vraiment privée. Mais pour beaucoup d’entre nous, cela ne pose pas de problème si nous n’avons rien à cacher ! En revanche, ce qui est inquiétant, c’est le fichage à tout bout de champ comme le fichage des gilets jaunes à l’hôpital. Cela résulte d’une tentation un peu totalitaire mais nous ne sommes pas encore arrivés au niveau de la Chine où les habitants sont surveillés par 170 millions de caméras à reconnaissance faciale. Alors profitons de nos derniers espaces de contestation et de liberté.