Il apparaît que le monde du syndicalisme n’est guère plus moral que celui de l’entreprise qu’il cherche à dénoncer en permanence. Il s’agit là d’une affaire très grave. D’abord parce que ficher des individus est évidemment interdit. Mais surtout parce que ces 126 cadres du syndicat Force Ouvrière étaient fichés à dessein afin d’aider le patron de ce syndicat Pascal Pavageau pour installer son pouvoir personnel après le départ de Jean-Claude Mailly.
En clair, c’était un petit annuaire des principaux cadres de Force Ouvrière avec leur photo et leur numéro de portable. Il était annoté avec soin par les collaboratrices les plus proches du patron de FO. On y trouvait des mentions comme : "ordure" "complètement dingue" "homosexuel" "franc-maçon" "déteste Jean-Claude Mailly". J’en passe et des meilleures. Mais je ne résiste pas au plaisir de vous donner la plus belle : "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral". C’est dire à quel point cette affaire donne une belle image de Force Ouvrière et du syndicalisme de manière générale.
Tout cela relève du pénal. Je pense que Pascal Pavageau va être obligé de raser les murs au sein de sa centrale ouvrière. Mais aussi à l’extérieur. Puisque tout fichage est interdit ou doit être soumis à la Commission Informatique et Libertés. Mais en plus du fichage qui contient des données personnelles comme "homosexuel, à droite, trop brillant ou voleur" c’est strictement répréhensible. Tout dépend maintenant de savoir si certains cadres de Force Ouvrière osent porter plainte ou bien si le Parquet s’auto-saisit de ce scandale assez inédit.
Tout ça c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité. Car c’est vrai, Il y a eu une époque lointaine où certaines entreprises fichaient leurs employés. Notamment ceux qui exerçaient des activités politiques ou syndicales. Et elles connaissaient aussi ceux qu’on appelait les "jaunes" et qui refusaient de faire grève et tentaient d’enfoncer un coin dans les revendications des syndicats. Cette époque est très lointaine et heureusement révolue. En revanche, c’est assez incroyable que l’on retrouve aujourd’hui les mêmes méthodes au sein d’un syndicat qui, tout en étant en perte de vitesse, est encore puissant. Cela va peut-être rabattre le caquet de Pascal Pavageau, l’auteur de ce fichage, et qui est toujours en pointe pour faire descendre les fonctionnaires dans la rue.