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Requiem pour le nouveau monde

C’est au pas de charge que les députés et les sénateurs bouclent le budget avec les mesures annoncées par Emmanuel Macron pour apaiser les gilets jaunes. Séance de nuit, cafouillages, incertitudes et tensions... Une fin d’année horribilis pour le chef de l’État et la fin d’une illusion.

C'est l’illusion d’un nouveau monde qui n’a jamais existé et tant pis pour ceux qui se sont laisser prendre par cet artifice de langage qui a servi de socle à la fusée Macron. On allait voir ce qu’on allait voir, le nouveau monde arrivait, reléguant l’ancien monde aux oubliettes de l’Histoire. Aujourd’hui, le constat est rude pour Emmanuel Macron. Cette fin d’année ressemble terriblement à l’ancien monde. Une crise sociale sans précédent ne correspondant à aucun modèle connu et un gouvernement qui recule, cède sur beaucoup. Rien de très différent de l’ancien monde en 1995 pour Juppé ou en 1986 contre la loi Devaquet. 

Des violons mal accordés, des couacs à répétition à faire pâlir d’envie le gouvernement précédent pourtant champion toute catégorie du couac : on ne parlera pas de Leonarda, des ordonnances travail, des frondeurs, des ministres qui démissionnent... Dans le nouveau monde, tout cela serait banni ! Oui mais Nicolas Hulot a fait encore plus fort en claquant la porte à la radio, Gérard Collomb en exprimant publiquement ses doutes et son désir de partir.

Hier, il fallait rudement s’accrocher pour comprendre l’annulation de l’annulation par Matignon. Tenez dans le nouveau monde, on bannirait les passes droits et autres carabistouilles : l’affaire Benalla nous a évidement démontré le contraire. 

Et sur la scène internationale, c'est kif-kif. On avait dans l’ancien monde Sarko l’Américain, obsédé par la séduction du géant US. On a Macron dans un autre registre, avec dans les deux cas, notre meilleur allié qui nous envoie aux pelotes, de façon plus souriante pour Obama il est vrai. Mieux, dans l’ancien monde on cocoricotait, on passait nos sommets internationaux à donner des leçons à la Terre entière, de droits de l’Homme, de vision, de diplomatie...

Même combat dans le nouveau monde . On passe notre vie à faire la leçon à l’Italie par exemple mais on s’apprête à s’asseoir avec allégresse sur les 3% alors que Bruxelles a demandé à l’Italie, avec 2,5 %, de revoir sa copie : "Faites ce que je dis pas ce que je fais" !

Enfin, le nouveau monde, c’est surtout, cette nouvelle génération de parlementaires. Ce nouveau monde, cette assemblée renouvelée, ce parlement de chefs d’entreprises, de cadres sup, de CSP ++, en prise réelle avec la vie. Rien à voir avec ces dégoûtants de politiciens, vieux barbons. Au diable ces professionnels de la politiques et ces syndicalistes déconnectés ! En cette fin d’année, on se régale des boulettes du chef des députés, Gilles Le Gendre, qui pense que son gouvernement est trop intelligent pour les Français, et on savoure l’appel au secours passé par Macron aux dinosaurus politicus que sont Juppé, Bayrou, le Drian ou même Sarkozy. Et je ne parle même pas des maires et des syndicats !

Finalement, il n’y a pas de vieux ou de nouveau monde. Il n’y a que des bons ou des mauvais politiques, ceux qui sentent le pays le comprennent et ceux qui ne captent strictement rien. Cette fin d’année sonne le requiem pour ce faux nouveau monde. Et c’est heureux car on peut enfin revenir à l’essence de la politique, qui est la même depuis la nuit des temps : gouverner un pays pour le bonheur de tous ses habitants.

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