Pour moi la première des solutions dans une crise c’est de négocier. On ne répond à une crise de cette ampleur par l’état d’urgence. Et pour négocier il faut avoir quelque chose à apporter dans la discussion : un moratoire immédiat des hausses de taxes comme le suggère Bayrou. Mais Laurent Berger va plus loin en proposant un Grenelle du pouvoir de vivre et c’est la seconde fois en trois semaines qu’il fait cette proposition. Parce qu’en tant que syndicaliste il sait qu’il y a une souffrance dans le pays et qu’il vaut mieux que cette souffrance soit étalée autour d’une table ronde que par des blocages qui nuisent à l’économie et donnent le sentiment que le gouvernement est autiste. C’est ce Grenelle qu’on attendait mardi dernier, à la place, on eu droit à un Haut Conseil du Climat.
Pourquoi Emmanuel Macron attend-il autant ? D’abord parce qu’il est toujours dans logique jupiterienne et que les violences intervenues samedi le renforcent dans cet état d’esprit. Ensuite parce qu’il a vu Dominique de Villepin céder à la rue dans l’affaire du CPE ou François Hollande céder à Nuit Debout dans l’affaire de la loi El-Khomri, et qu’il a toujours dit qu’il ne céderait pas. Enfin parce qu’il pense pouvoir rester le maître des horloges comme il l’a toujours été. J’ajouterais qu’Edouard Philippe avec sa raideur juppéiste n’est pas forcément de bon conseil dans cette période, s’il n’y a pas d’initiative prise cette semaine en termes de négociation, je crains que la violence ne cesse d’augmenter. Autant Emmanuel Macron n’est pas obligé de suivre Laurent Berger lorsqu’il réclame une fiscalité plus forte sur les hauts revenus. Autant quand le représentant le plus modéré des corps intermédiaires appelle à ce que tout le monde se parle, le Chef de l’Etat se mettrait en faute s’il ne tend pas vite la main. Car la solution ne peut venir que de lui.