Il l'a dit aux Antilles la semaine passée, il l'a répété dans son entretien au Journal du dimanche : je ne changerais pas de cap. Et on peut en prendre le pari, puisque le plan de communication de l'Élysée est maintenant bien rodée : il le répétera tout au long des semaines qui viennent. Faisant valoir, oui, que c'est du courage : aller affronter le pays réel, les vrais gens... Mais pour ce qui me concerne, je n'y vois aucun courage : c'est la preuve selon moi qu'Emmanuel Macron est atteint d'un syndrome, qui a contaminé tous les présidents de la République. De Gaulle aussi bien que Pompidou ; Mitterrand aussi bien que Chirac. Et après tout, tout autant Sarkozy, Hollande et donc maintenant Macron.
Ce syndrome ? Pour le définir, c'es Giscard, parlant de De Gaulle, qui l'a le mieux défini : l'exercice du pouvoir. Parce que regardez bien la situation politique sur-réelle dans laquelle nous sommes. Macron a été élu grâce à non pas un vote d'adhésion (18% seulement des inscrits) mais un vote de rejet anti-FN. Mais les institutions françaises qui n'ont aucun équivalent dans les grandes démocraties permettent à un homme, de décider de tout, tout le temps, tout seul. Le syndrome, c'est celui du présidentialisme / bonapartisme. Peut-être avec Macron, une variété un peu nouvelle : un populisme à tendance CAC 40. Et c'est cela qui fait que la situation politique est à ce point dangereuse en France, instable. Car dans une autre démocratie, plus équilibré, plus respectueuse du Parlement, moins monarchique, un chef de l'État, à ce point affaibli chercherait des voies ou des moyens pour consulter le pays, pour se mettre à son écoute, pour se concerter avec les élus de la Nation afin de renforcer le dialogue social.
Bien évidemment, ce n'est pas ce qu'il se passe. C'est même exactement l'inverse. Plus Emmanuel Macron se sent critiqué dans l'opinion, plus il cherche à accélérer la cadence, à multiplier les réformes, mêmes les plus impopulaires. Il y a eu la loi travail hier, il y aura demain la réforme des retraites ou celle de l'assurance chômage. C'est pour cela, me semble-t-il, que la situation est démocratiquement très dangereuse. C'est que nous avons un chef de l'État qui est atteint d'une boulimie de réformes mais il est frappé dans le même temps d'une inquiétante anorexie. Une anorexie démocratique.