Généralement, après un remaniement, le service après-vente est assuré par le ministre vedette dudit remaniement que l'on envoie à la télévision. On aurait donc dû entendre Christophe Castaner hier soir pour qu’il explique sa politique. Et bien non. Emmanuel Macron veut montrer qu’après tout, c’était lui à la télévision et pas un autre car on l’avait bien conseillé le Président : s’adresser aux Français c’est la clé. C’est donc ce qu’il a décidé de faire, sans intermédiaires, sans questions de journalistes évidemment. Forcément, cela donne une intervention solennelle, face caméra, seul pendant 12 minutes. Une apparition d’ordinaire réservée aux moments historiques ou au 31 décembre ! Mais il n’était pas là pour nous souhaiter une bonne année hier soir. Cette intervention donc, sur fond de lumière déclinante, avec des propos références à l’Europe, qui basculent vers les extrêmes, le nationalisme… Il a presque failli nous donner le blues notre Président ! Il y avait donc un contraste saisissant entre le jeune candidat dans la lumière qui nous promettait des lendemains radieux et l’homme que l’on a vu hier soir. Le temps a passé.
Au final, ce que l’on retiendra de cette intervention c’est le quasi mea-culpa d’un Président de la République qui reconnaît lui-même qu’il a brouillé le sens de son action par ses petites phrases qu’ils attribuent à sa détermination et à son parler-vrai. Mais, manque de chance, là c’était plutôt de la maladresse. Il a pu choqué et dérangé un certain nombre de Français. Il y a un mot qui est revenu aussi dans les propos d’Emmanuel Macron : "écoute". C’est vrai pour lui, c’est vrai aussi pour le gouvernement qui devra renouer avec les élus et les maires. Finalement, son discours annonce peut-être un changement de comportement et un changement de méthode de gouvernement : on sera moins dans la verticalité que dans l’horizontalité.
En revanche, pas de changement de cap sur les réformes. Il a demandé aux Français d’être patients, lui-même étant déjà impatient. En même temps, les réformes c’est la marque de fabrique d’Emmanuel Macron. Et ce message, il était vraiment destiné à son électorat qui les attend ces réformes avec une transformation profonde de la société. Bref, l’opération reconquête a commencé hier soir et c’est pas gagné.