Deux chiffres pour comprendre la situation. 22 millions de personnes aux urgences en 2018. 2 fois plus qu’il y a 20 ANS. Et sur le nombre de passages, plus d’un quart, entre 28 et 40%, ne sont pas justifiés (selon les chiffres du ministère de la santé). Les patients pourraient être pris en charge par un médecin généraliste sans nécessiter des examens complémentaires. Un quart de bobologie donc…Alors évidemment les urgences doivent être réservées aux cas les plus graves. Mais ce n’est plus possible ! Il n’y a plus de médecins généralistes en ville, disponible le soir, le week end et ils ne se déplacent plus à domicile. Ca leur prend trop de temps et ça ne rapporte rien.
Nous touchons là à deux problèmes : le manque de médecins en France. 10 000 généralistes aux abonnés absents. Et nous payons le désengagement de la médecine libérale de ville. Souvenez-vous il y a une plus d’une vingtaine d’années.
Il existait des médecins de garde le week end. Et bien à l’époque un ministre de la santé a supprimé les gardes car les généralistes se plaignaient déjà de trop travailler et d’être débordés. Pourtant il y a bien des pharmacies de garde. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a plus de médecin de garde ! Les urgences sont au carrefour de deux crises. Celle de la médecine de ville qui n’est plus assez proche des gens et celle de l’hôpital qui est depuis dix ans géré comme une entreprise.
Quelles solutions pour désengorger les urgences ?
Remettre le généraliste au cœur d’une médecine de proximité. Créer des maisons de garde ou des maisons de santé. A Grenoble il y a un cabinet ouvert 7 jours sur 7 de 8H00 à minuit. 40 médecins en rotation. Collaboration avec des radiologues et des laboratoires installés à coté. Les médecins sont soit salariés soit en libéral et ils effectuent des heures pour ce centre. 50 000 patients par an reçus dans ce cabinet qui finalement à la taille d’un service d’urgence et permet d’être soigner sans se rendre aux urgences. L’idée du gouvernement est de généraliser ce modèle dans les territoires. Mais cela ne va pas se faire en un jour…En attendant il y a aussi une ambigüité qu’il faut régler au sein des urgences à l’hôpital. Quel que soit l’acte, bobologie ou pathologie grave, c’est le même forfait. Les urgences permettent aux hôpitaux de dynamiser leurs recettes en soignant un maximum de gens. Les directeurs d’hôpitaux n’ont pas envie de changer le système. On ne sort de l’ambigüité qu’à ses dépens…