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Débat sur la PMA et la GPA : vers une ère de la marchandisation et du droit à l'enfant ?

Si on autorise la PMA pour toutes les femmes, la GPA ne pourra pas longtemps demeurer écartée, au nom du principe d'égalité.

Photo d'illustration ©FRED DUFOUR - AFP

En 2013, le gouvernement a fait voter la loi sur le Mariage pour Tous. On se souvient de ce débat, parfois violent, parfois caricatural. On se souvient surtout qu’il a opposé deux écoles, celles qui expliquaient que le Mariage n’aurait pas d’autres conséquences que de permettre à des couples de même sexe de s’unir et ceux qui expliquaient que, dès lors qu’on entrait sur le terrain du mariage, les conséquences pour les enfants deviendraient rapidement inéluctables, et pas seulement en matière d’adoption, comme c’était prévu par la loi.

C’est bien ce qui se passe. La loi de 2013 nous a fait entrer dans un véritable engrenage du point de vue de la filiation. C’est le sujet majeur. Le sujet de ce débat, d’ailleurs, n’a jamais été celui du mariage homosexuel, en tout cas pas pour la plupart de ceux qui s’y opposaient. Le sujet majeur était celui de la filiation.

C’est celui de savoir si un enfant a droit d’avoir un père et une mère, d’être élevé par un père et une mère, si au fond les accidents de la vie ne sont pas suffisamment nombreux pour priver certains enfants de leurs pères et de leurs mères ou de leurs deux parents pour qu’il faille en rajouter délibérément.

Derrière ce problème de société, la filiation, la généalogie dans laquelle on s’inscrit, l’histoire familiale dans laquelle se forge l’identité de chacun, il y a aussi les blessures qui meurtrissent ceux qui n’ont pas deux parents, n’ont pas de père ou pas de mère. C’est, pour tous ceux qui l’ont vécu, au fond de soi, quelles que soient ses options idéologiques, toujours une blessure.

On avait dit aussi qu’il n’y aurait pas de PMA, pas de GPA, comme Emmanuel Macron, pendant la campagne, avait dit ‘Je veux la PMA mais je ne veux pas de la GPA’, parce que la PMA étant ouverte aux couples de femmes, la différence étant que la GPA oblige à louer des ventres de femmes et donc débouche sur la marchandisation des corps et, au fond, des enfants.

Et puis nous revoilà confrontés au problème. Si on décide d’autoriser, pour des raisons qui ne seraient plus, comme aujourd’hui, médicales, la PMA pour toutes les femmes, en fonction de leur désir ou de leur plaisir d’enfant, comme s’il y avait un droit à l’enfant, la GPA ne pourra pas longtemps demeurer écartée parce que le principe d’égalité va forcément jouer à l’avenir. Il n’y a pas de raison de donner un droit aux couples de femmes qu’on ne pourrait pas donner aux couples d’hommes.

Il se trouvera toujours un juge, une cour de justice, une instance nationale ou internationale, pour dire qu’au nom du principe d’égalité, si la PMA est autorisée, la GPA l’est aussi. À ce moment-là, nous entrerons dans l’ère de la marchandisation, du droit à l’enfant, dans un système où on se demandera toujours si le droit du contrat, le droit commercial l’emporte ou non sur l’intérêt de l’enfant. C’est une drôle de civilisation et une drôle de société que nous nous préparons.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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