Construction du budget 2026, impôts, TVA, CSG, économies, retraites : Amélie de Montchalin a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Que l'argent de nos impôts aille dans nos services publics plutôt que dans notre dette !"
Pour Amélie de Montchalin, "quand on est ministre du Budget, la ligne que nous nous fixons c'est de gérer le pays quoi qu'il arrive. J'ai été nommée le 23 décembre dernier. Depuis il s'est passé deux mois où on avait pas de budget, ensuite la très grande crise collective, notre alliance militaire qui a été mise en question, ensuite les frappes d'Israël sur l'Iran. Aujourd'hui on est dans un choc climatique." Face à ce monde en mouvement constant, "il faut qu'on ait des outils en permanence pour s'adapter." Amélie de Montchalin rappelle notamment que la canicule actuelle "a un coût économique, humain.
Ça a un coût sanitaire, dans les hôpitaux. Humain, avec des hommes et des femmes qui font des métiers exposés. Economique, il y a moins de transport, on va moins vite sur les routes." De quoi montrer que "l'écologie ce n'est pas une lubie de militants, c'est une question essentielle pour tous."
.@AdeMontchalin, ministre des Comptes publics : "En 2029, au plus tard, la dette devra cesser de croître (...) D’ici à 2029, nous allons augmenter notre charge d’intérêt de 40 milliards" pic.twitter.com/q2leNwmYFO
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Au-delà de la gestion des crises, la ligne de mire d'Amélie de Montchalin est réglée sur la dette. Plus précisément sur le "moment où nous devrons absolument faire en sorte que la tendance s'inverse. C'est en 2029." En effet, "d'ici à 2029 nous allons augmenter notre charge d'intérêts à nos créanciers à nos financiers de 40 milliards. Aujourd'hui c'est 60 milliards, ce sera 100 milliards." "On cherche à ce que cette dette arrête de peser de plus en plus sur notre économie", résume Amélie de Montchalin. "Il est inacceptable de se résigner à l'idée que quand on prélève des impôts on en redonne à nos créanciers. Est-ce qu'on veut investir dans notre police, dans notre santé, ou donner de l'argent à nos créanciers ? Que l'argent de nos impôts aille dans nos services publics plutôt que dans notre dette !"
"J'exclus toute hausse d'impôt générale et indifférenciée"
Avec ces objectifs, comment le budget 2026 sera-t-il construit ? Amélie de Montchalin rappelle que "nous voulons un compromis sur ce budget, toute la France vit sous le couperet des motions de censure, ça un effet qui est dramatique. Je vois bien que la stabilité politique qu'on recherche c'est la condition pour les Français d'avoir des projets." Pour obtenir un compromis, "il faut écouter les gens. L'objectif c'est que les idées qui peuvent faire compromis nous les écoutions." Mais y a-t-il des lignes à ne pas franchir ? "J'exclus toute hausse d'impôt qui s'appliquerait de manière générale sur les classes moyennes de manière indifférenciée, de manière à faire croire qu'il y aura un petit miracle. Le débat c'est comment on ralentit, comment on choisit notre dépense publique."
Budget : "Je vais rencontrer tous les groupes politiques et chercher des compromis" assure @AdeMontchalin, ministre des Comptes publics pic.twitter.com/o1mb3fJ4lK
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Amélie de Montchalin exclut les hausses d'impôts généralisées, mais aussi une hausse de la CSG. "Je ne vois pas qui défendrait aujourd'hui une hausse de la CSG pour tout le monde, les salaires, l'immobilier, les retraites." Avant toute chose, elle veut remettre "nos dépenses en face de nos priorités." "L'année blanche c'est une année de pause. Dire 'en 2026 ça augmentera pas', c'est une idée que nous avons expertisée. Cette année de pause elle peut être plus ou moins grande. Ralentir la dépense c'est essentiel, je pense qu'il y aura une pause sur certaines dépenses, le Premier ministre les présentera. Tout le monde voit bien qu'il y a des dépenses que nous ne pouvons plus nous permettre." Cependant, le maître-mot d'Amélie de Montchalin reste le débat. "Quels que soient les choix que nous fassions, il faut qu'il y ait le débat. On peut ajuster, on peut réformer. Le sujet c'est que je sois avec le gouvernement dans une phase de construction de compromis."
"Il y a un tiers des agences, des opérateurs qui vont soit être fusionnés, soit être rattachés à un ministère, soit être supprimés"
Pour construire le budget 2026, il existe encore de nombreux leviers. Amélie de Montchalin refuse une hausse de la TVA. Quant aux réductions de budget des ministères, "la discussion elle est collective. Il n'y a pas les ministères qui gagnent et les ministères qui perdent. Comment on fait des choix, qu'est-ce qui est prioritaire ? Dans chaque ministère il y a aussi des économies." Amélie de Montchalin ne veut pas non plus toucher aux niches fiscales pour "garde d'enfants, personnes en situation de handicap, personnes âgées dépendantes". Au sujet des retraites, si la capitalisation est "une réflexion que nous avons tous", Amélie de Montchalin n'y croit pas à court terme, mais rappelle que "le PER c'est le début de la capitalisation et ça marche très bien."
.@AdeMontchalin, ministre des Comptes publics : "Nous demandons entre 10 et 12 milliards d’économies à tous les ministères" pic.twitter.com/JIbHrMwoGF
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Pour réduire la dépense publique, on peut aussi jouer sur le nombre de fonctionnaires. Amélie de Montchalin signale que "les fonctionnaires aujourd'hui en poste on a beaucoup de mal à augmenter les salaires, à les former." Ainsi, "la tendance qui consiste à augmenter inexorablement le nombre est mauvaise pour les fonctionnaires en poste aujourd'hui. Ca les paupérise." "Je travaille beaucoup sur les opérateurs et les agences, il y a un tiers des agences, des opérateurs qui vont soit être fusionnés, soit être rattachés à un ministère, soit être supprimés." Reste enfin le sujet de la Sécurité sociale, et notamment des arrêts maladie, où Amélie de Montchalin rappelle qu'il "y a énormément de choses à faire." "Il y a des questions de management et de conditions de travail", mais aussi "des abus." "Notre approche c'est pas d'arriver avec des symboles. C'est de dire : 'il y a des choses qu'on ne peut pas se permettre, il faut qu'on soit vigilants avec nos ressources publiques.'"
.@AdeMontchalin, ministre des Comptes publics : "Je suis prête à poser la question de la suppression de la délivrance des arrêts maladie à distance" pic.twitter.com/XEQC8iA2gH
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