Comme d’habitude je vais remettre le clocher au milieu du village, un village qui s’appelle la France qui, jour après jour, ne cessera de m’étonner.
Pourquoi la France ? Parce que l'épisode caniculaire que nous vivons m'a permis de rajeunir de 49 ans en me disant que, finalement et sans le savoir, la France était peuplée à l’époque de héros qu’on pourrait presque qualifier de survivants et que j’avais eu la chance d’en faire partie.
Retour en 1976, année de sécheresse, on ne parlait pas de canicule à l’époque. Une sécheresse telle que le Président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, allait créer un « impôt sécheresse » vu les dégâts pour les agriculteurs.
1976 donc, je m’apprêtais à fêter mes dix ans et à l’époque nous sommes allés jusqu’à la fin des cours dans des salles de classe non climatisées et il ne serait pas venu à l’idée de mes parents, même en fin d’année scolaire, de me faire rater l’école parce qu’il faisait chaud. Et j’ai survécu.
1976 encore, mon père nous conduit après avoir pris quelques jours de congés, ma grand-mère, ma sœur et moi, des Lilas à Luz Saint Sauveur dans les Hautes Pyrénées. Près de 900 kilomètres faits sur des routes nationales – il n’y avait pas d’autoroutes à l’époque – dans une GS non climatisée. On roulait bien évidemment avec les quatre vitres ouvertes et on avait des gourdes d’eau fraîches. Et nous avons survécu.
1976 donc, après avoir traversé les champs de tournesols grillés sur place, nous arrivons à Luz où, malgré les 700 mètres d’altitude, la température est caniculaire. On boit beaucoup, on prend des douches fraîches, on ferme les volets et on sort en tout début et en fin de journée sans qu’on n’ait besoin de nous dire que faire sur les cinq radios et trois chaînes de télévision de l’époque.
Ce mois de juillet 1976, nos deux parents et mon frère travaillaient dans des bureaux non climatisés et ils ont aussi survécu.
C’est pourquoi je n’en peux plus de cette infantilisation qui nous répète : « buvez », « réhydratez-vous » et ceci et cela. Quand il fait très froid, nous dit-on d’éviter de sortir torse nu pour ne pas attraper froid ?
Alors on nous dit que si on ne fait pas ces campagnes on le reprochera à nos politiques. Le problème est que nous confondons personnages politiques et nounous, et que le métier n’est pas du tout le même. Pour conclure en douceur, le slow de l’été 76 grâce auquel nombre de couples se sont rencontrés n’avait pas pour première phrase murmurée à l’oreille de l’autre : « t’es-tu bien réhydratée avant de venir au bal ? »
Retrouvez "Le coup de gueule de Philippe David" tous les jours dans Les Vraies Voix de 17h à 19h. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube pour retrouver toutes les vidéos sur la playlist de l'émission.