Castaner et Blanquer, c'est le nouvel axe fort de la Macronie au sein de l'équipe gouvernementale. La façon dont ils se sont répartis la tâche ce week-end dans l'affaire du jeune voyou de Créteil, braqueur de prof, témoigne de cette volonté de jouer ensemble les lieutenants du président de la République : le ministre de l'éducation, Blanquer, en "déja" vieux briscard de la Macronie, venant presque épauler le bizuth, nouveau ministre de l'Intérieur, Castaner qui s'est essayé lui, à une démonstration d'autorité dans le même style que son collègue à la fois ferme et serein.
Ce binôme Castaner / Blanquer, c'est l'atout maître d'Emmanuel Macron, censé rééquilibrer, au sein du gouvernement le poids du premier ministre Édouard Philippe et de ses fidèles comme Gérald Darmanin. Poids politique qui s'est renforcé pendant la crise du remaniement aguisant quelques tensions entre les deux têtes de l'éxécutif.
Néanmoins, en nommant Christophe Castaner à Beauvau, Emmanuel Macron a un peu plus fragilisé son parti LREM, déjà désorienté par l'affaire Benalla et la rentrée calamiteuse du chef de l'État. Macron a bien compris que sans colonne vertébrale idéologique solide et sans chef à la tête de son très jeune patri politique (un leader un peu plus présent et rayonnant que Castaner ne l'avait été jusque là), les marcheurs auront beaucoup de mal à s'enraciner dans la société française et à remporter de nouvelles victoires électorales. Les cadres de LREM se sont donc réunis ce week-end et ils désigneront donc leur nouveau délégué général le 1er décembre prochain avec une difficulté et non des moindres : le jeune parti présidentiel manque de personnalités d'envergure pour s'imposer.
En ce qui concerne la ligne politique du parti, les marcheurs y travaillent. Ils sont partagés entre leur aile gauche, venue du PS, qui veut redonner force et vigueur à l'idée du "progrès social" et leur aile droite proche des gaullistes sociaux et des centristes, elle, beaucoup plus pragmatique et qui se méfie des idéologies. Un compromis pourrait être trouvé autour de l'idée que la société doit offrir mieux à chaque nouvelle génération. Une nouvelle version de l'ascenseur social et des bénéfices du contrat républicain en quelque sorte. Ce qui est sûr, c'est que les marcheurs devraient se dépêcher de la définir cette fameuse ligne politique car, 18 mois après l'arrivée de leur champion à l'Élysée, ils n'ont toujours pas de corpus idélogique et ça finit par se voir...