Le problème, ce n’est pas le marché de l’automobile qui se porte très bien, surtout en Europe. Le problème, ce n’est pas davantage les constructeurs qui n’ont jamais été aussi innovants avec notamment beaucoup de modèles 100 % électriques. Le problème c’est que les marques boudent le salon de l’auto, qui fête pourtant cette année ses 120 ans. Volkswagen, Opel, Jeep, Alfa Romeo, Ford, Nissan, Volvo, Mazda et Mitsubishi ont décidé de boycotter ce grand show qui attire un million de visiteurs. Mais qui est aussi très cher.
Le problème c’est donc en partie le coût. Mais en partie seulement. Un bel emplacement au salon de l’auto coûte environ 1 million d’euros. Surtout pour les marques que je viens de citer. Mais le gros des dépenses, ce sont les éclairages, les écrans, les hôtesses, les réceptions VIP. Si bien que la dizaine de jours peut revenir à un constructeur entre 4 et 5 millions d’euros. Un montant difficile à amortir avec les commandes faites pendant le salon.
Bien évidemment, il y a d'autres raisons à cette défection. Car ce que l’on constate à Paris, on le constate aussi au Salon de Genève ou à celui de Detroit aux Etats-Unis. Mais les constructeurs ont toujours besoin d’aller à la rencontre de leur public. Les plus concernés par la technologie privilégient maintenant le Consumer Electronic Show de Las Vegas. D’autres préfèrent organiser des évènements plus personnalisés à l’occasion des grands prix. C’est aussi l’un des effets de la révolution des datas. Dans la mesure où désormais votre constructeur sait tout sur vous, il peut vous contacter quand il le veut et vous inviter à des présentations VIP ou à des essais personnalisés. Tout cela avec en plus l’assurance que vous ne soyez pas attiré par la marque concurrente.
Pour Paris, c’est tout de même un point négatif, cette absence de constructeurs. Mais, il faut savoir ce que l’on veut. D’un coté on a une Maire de Paris qui proclame urbi et orbi qu’elle rêve d’un Paris sans voiture. De l’autre elle ne va pas se plaindre que le Salon de l’Auto ne soit plus un événement mondial. Alors bien sûr pour essayer de limiter les dégâts elle a autorisé à ce que la Place de la Concorde soit une piste d’essais pour véhicules électriques pendant ces dix jours du salon.
Mais c’est aussi une mauvaise nouvelle pour la France, qui reste le pays où l’on aime la bagnole, où la voiture est un formidable instrument de liberté. Et surtout c’est une filière industrielle qui fait travailler plus 2,3 de français. Le Salon de l’Auto était - et est toujours - le porte-drapeau de ce secteur. Ce serait dommage que cette grande fête de l’innovation, de la technologie et de la mobilité finisse par disparaître.