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"Aujourd’hui, 50% des fruits et légumes que vous consommez sont importés"

Par Benjamin Jeanjean

Membre du bureau d’Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais, Luc Barbier était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce mercredi pour évoquer les effets du froid actuel et de la concurrence internationale sur les produits français.

Les maraîchers français plaident pour un consommateur plus acteur

Alors qu’une vague de froid inédite cette année traverse la France cette semaine, les fruits et légumes produits et vendus sur notre territoire peuvent-ils souffrir de ces températures polaires ? Pour Luc Barbier, membre du bureau d’Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais, l’heure n’est pas à l’inquiétude. "On pourra bien sûr toujours consommer des fruits et légumes. Il n’y a actuellement pas de fruits en production, donc on est plutôt sur des fruits stockés, principalement des pommes et des kiwis. Il faut certes faire attention à ce qu’ils ne gèlent pas. Pour les légumes, il n’y a pas de soucis majeurs pour le moment, surtout que le redoux est annoncé… En-dehors des légumes racines qui sont en terre – je pense notamment aux poireaux –, la vague de froid a été anticipée et du stock a été fait pour pouvoir servir les clients", assure-t-il au micro de Sud Radio.

Même si selon lui, "on ne peut pas travailler dans les champs en extérieur, tout est gelé", les maraîchers ont de quoi parer à la situation. "Il y a les cultures sous abri, et à l’intérieur des serres on peut re-protéger par des petites chenillettes au-dessus de la végétation, voire même chauffer un petit peu le cas échéant", précise-t-il avant d’évoquer un autre sujet plus inquiétant selon lui : la compétitivité du secteur français face à la concurrence étrangère.

"Le consommateur doit être consommateur-acteur"

"Aujourd’hui, 50% des fruits et légumes que vous consommez sont des produits importés. En-dehors des produits exotiques bien entendu, nous pourrions avoir la capacité de répondre à l’ensemble du marché français. Or, ce n’est pas le cas. Quand on travaille toujours sur le prix, le prix et rien que le prix, forcément à un moment les différences de compétitivité et de coûts de production font que la production française n’est pas forcément la mieux placée pour répondre aux exigences du prix. Tous nos produits sont aujourd’hui en concurrence directe avec nos compétiteurs européens voire extra-européens, et si on ne raisonne que par le prix, on va perdre des parts de marché. Et si on veut répondre aux exigences posées par le président Macron dans le cadre des États généraux de l’alimentation…", explique-t-il.

"La France est riche de toute sa diversité agricole. Nous sommes prêts à monter en gamme, ça ne pose aucun problème. On le fait déjà ! Sauf qu’il faut qu’il y ait une reconnaissance par le prix, et que le consommateur ne soit plus seulement consommateur mais consommateur-acteur. Tout viendra de lui, nous avons besoin de lui. (…) La société a le droit d’avoir des exigences à l’égard de son agriculture et de ses agriculteurs, exigences environnementales, qualitatives mais aussi sociales. Quand on achète, il faut faire attention aux conditions de production de ce qu’on achète. Je ne veux pas stigmatiser mes collègues espagnols, mais on peut citer l’exemple de la fraise qui vient d’Espagne. En tout état de cause, les conditions sociales et environnementales ne sont pas forcément les mêmes que chez nous. Nos produits sont un peu plus chers parce que derrière, il y a autre chose que le produit, il y a toutes ces exigences", ajoute-t-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Luc Barbier dans le Grand Matin Sud Radio

 

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