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Ralentisseurs hors-la-loi : La Justice ordonne leur destruction

Par Jean-Luc Moreau

La France, souvent reconnue pour la qualité de ses infrastructures routières, détient pourtant un triste record : celui du nombre de ralentisseurs illégaux. Avec plus de 450 000 dispositifs installés sur tout le territoire, une majorité ne respecte pas la réglementation. Depuis avril 2024, une décision judiciaire historique est venue bouleverser cette situation, ouvrant la voie à une vague de démolitions.

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La France, championne des ralentisseurs… et des infractions

En matière de ralentisseurs, la France est en tête, mais pas pour les bonnes raisons. Ces dispositifs destinés à assurer la sécurité des piétons et à limiter la vitesse des véhicules sont en réalité majoritairement installés en violation des règles en vigueur. Selon le décret de 1994, ces installations doivent répondre à des normes précises en termes de hauteur, de pente, et d'emplacement. Mais une grande partie des 450 000 ralentisseurs sur les routes françaises ne respecte aucune de ces directives.

Le constat est accablant : ces infrastructures, censées améliorer la sécurité routière, deviennent des sources de danger pour les automobilistes. Trop abrupts, mal positionnés ou encore excessivement hauts, ils provoquent des dommages matériels sur les véhicules et peuvent être à l'origine d'accidents potentiels.

Un tournant décisif : la décision de justice d’avril 2024

Le 30 avril 2024, tout bascule. À la demande du Conseil d’État, la Cour administrative d’appel de Marseille rend un arrêt historique qui fait jurisprudence. Désormais, les collectivités locales sont obligées de respecter scrupuleusement le décret de 1994. Cela signifie que tous les nouveaux ralentisseurs devront être conformes aux normes, tandis que ceux déjà en place devront être mis en conformité, sous peine d’être détruits.

Ce jugement marque une première victoire pour les usagers de la route. Le département du Var a déjà été condamné à démolir plusieurs ralentisseurs illégaux, et cette action pourrait faire boule de neige dans d’autres régions de France.

Une vague de démolitions à venir ?

Cette décision de justice enclenche un long processus de mise en conformité. Les collectivités locales doivent désormais revoir leurs infrastructures et se préparer à des travaux massifs. Ce chantier pourrait entraîner la destruction de milliers de ralentisseurs non conformes.

Les citoyens, eux, sont encouragés à contester ces installations. En effet, grâce à cet arrêt, les recours juridiques devraient se multiplier, forçant les administrations à détruire ou ajuster leurs ralentisseurs. Pour la première fois, l'illégalité de ces dispositifs est sérieusement remise en question, et l’impunité qui a longtemps régné semble désormais révolue.

La sécurité routière : un enjeu au cœur du débat

Si les ralentisseurs illégaux sont dans le viseur de la justice, il est important de rappeler leur rôle initial dans la sécurité routière. Ils ont prouvé leur efficacité pour réduire la vitesse dans les zones à risques, notamment près des écoles ou dans les quartiers résidentiels. Toutefois, leur installation anarchique a souvent eu l’effet inverse, provoquant des accidents et dégradant les véhicules.

Le défi est donc de trouver un équilibre entre sécurité et respect des normes. Les infrastructures doivent être pensées pour protéger les usagers, sans compromettre la sécurité des automobilistes. La décision de la Cour administrative est un premier pas vers cet objectif.

Le coût de la mise en conformité des ralentisseurs s’annonce faramineux. Selon les estimations, la destruction de 300 000 ouvrages maçonnés et de 150 000 coussins berlinois pourrait coûter plus de 13 milliards d’euros aux collectivités locales sur les 10 prochaines années. À raison de 35 000 euros pour un ralentisseur maçonné et 6 000 euros pour un coussin berlinois, la facture s'annonce lourde.

Un coût colossal pour les collectivités

Ce gaspillage d’argent public est sans doute l’un des plus importants de la décennie. Alors que les élus locaux déplorent le manque de moyens pour entretenir les routes et les ponts, ils ont dépensé sans compter pour installer ces dispositifs dont l’efficacité en matière de sécurité routière reste à prouver.

Mais les collectivités locales ne sont pas les seules à blâmer. Les fabricants de coussins berlinois, ces ralentisseurs en plastique fixés au sol par des tirefonds, continuent de clamer que leurs produits sont conformes aux normes en vigueur, alors même que ces installations sont interdites en raison de leur fragilité. Cette situation soulève des questions sur la publicité mensongère et l’irresponsabilité de certains acteurs industriels. Il est probable que ces pratiques fassent l’objet de poursuites judiciaires dans un avenir proche.

Vers la fin des ralentisseurs illégaux ?

Avec cet arrêt de la justice, la France entre dans une nouvelle ère. Les collectivités locales n’ont plus d’autre choix que de se conformer aux normes sous peine de devoir détruire leurs ouvrages. La sécurité des usagers et le respect des lois doivent désormais primer. Ce chantier s’annonce complexe et coûteux, mais il est indispensable pour mettre fin à l’ère des ralentisseurs illégaux.

Retrouvez On Parle Auto, présenté par Jean-Luc Moreau et Laurence Perraud, tous les samedis matins de 10h à 12h. Écoutez également les podcasts de l’émission et consultez les essais automobiles sur l’application Sud Radio et sur sudradio.fr.

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