Elle est la nouvelle tête de proue de l’extrême-droite en France. Restée dans l’ombre d’Éric Zemmour pendant de nombreuses années, Sarah Knafo est montée sur le devant de la scène depuis un peu plus d’un an. À tel point qu’elle semble peu à peu éclipser son mentor en vue des prochaines élections présidentielles. Dans les médias, sur les réseaux sociaux ou au Parlement européen, l’eurodéputée est partout pour faire entendre ses idées. Mais jusqu’où peut aller le phénomène Sarah Knafo ?
Son combat : la souveraineté nationale
Diplômée de Sciences Po et de l’ENA Sarah Knafo officie d’abord en tant que magistrate à la Cour des comptes. Mais c’est son entrée au Parlement européen en 2024 qui marque un tournant dans sa carrière politique. Avec ses positions radicales sur l’Union européenne qu’elle juge trop intégrationniste, ou sur l’utilisation des finances publiques, notamment vis-à-vis des populations étrangères, Sarah Knafo revendique une ligne de fermeté économique et identitaire. Elle plaide pour un recentrage des dépenses sur les intérêts nationaux et la souveraineté budgétaire, tout en se démarquant par une approche plus technique que polémique, privilégiant les arguments chiffrés aux slogans idéologiques.
Une popularité médiatique hors du commun
Portée par ses combats, l’eurodéputée de 32 ans connaît alors une ascension médiatique hors-norme. Début septembre, son passage dans La Grande ITW de Sonia Mabrouk sur CNews et Europe 1 rassemble 632 000 téléspectateurs en moyenne, avec un pic à 700 000. Un record d’audience qui dépasse ceux enregistrés par plusieurs ministres et chefs de partis ces derniers mois. Le magazine Valeurs actuelles lui consacre même un hors-série inédit de 68 pages intitulé “Sarah Knafo de A à Z,” épuisé dès sa sortie et rapidement réimprimé.
Mais la compagne d’Éric Zemmour n’explose pas que dans les médias traditionnels. Sur l'ensemble de ses réseaux sociaux, elle collecte plus de 120 millions de vues, uniquement sur le mois de septembre. Entre ses passages dans l'audiovisuel, des commentaires sur la gestion du pays ou des vidéos où elle dégomme les propositions de ses adversaires, Sarah Knafo a l’art et la manière de faire réagir et de fédérer les populations plus jeunes.
.@ZemmourEric (@Reconquete_off) : "J'entends 'Zemmour est brutal', mais il faut être ainsi. C’est une qualité dans le temps de guerre que nous traversons" #GrandMatin https://t.co/kxWKURZt50 pic.twitter.com/F0g9Qx7zWa
— Sud Radio (@SudRadio) November 3, 2025
Moins clivante, plus fédératrice que Zemmour
Ce qui plaît chez Sarah Knafo, c’est d’abord sa tonalité. Plus éloignées du style parfois guerrier d’Éric Zemmour, ses interventions privilégient le fond, les chiffres et les faits, là où son mentor joue davantage sur le choc des mots et la confrontation idéologique. En stratégie comme en image, Sarah Knafo se distingue de son mentor en travaillant à dédiaboliser l’image de Reconquête pour élargir la base électorale de son parti.
Et cela se traduit dans les premiers sondages autour de l’élection présidentielle de 2027. Testée pour la première fois dans une hypothèse présidentielle par Elabe pour BFM TV et La Tribune Dimanche, Sarah Knafo atteindrait 6,5 % des intentions de vote, contre 4,5 % pour le chef de son parti. Un écart symbolique, mais révélateur d’un potentiel politique inédit dans le parti.
Une dynamique qui rappelle le duo Le Pen–Bardella
Cette montée en puissance n’est pas sans rappeler la trajectoire de Jordan Bardella au sein du Rassemblement national. D’abord lieutenant de Marine Le Pen, il est devenu l’incarnation la plus populaire du mouvement, jusqu’à en prendre la présidence et à devenir une roue de secours naturelle en cas d’inéligibilité confirmée pour Marine Le Pen aux prochaines élections.
Seulement, Éric Zemmour ne semble pas être enclin à laisser la place à son bras droit pour 2027. Invité ce lundi sur Sud Radio, il rappelle que « le même coup a été fait à Marine Le Pen et Jordan Bardella » et évoque « un amusement médiatique ». S’il se réjouit de de sa popularité, il tient à rappeler que « Sarah Knafo n’était pas connue des Français il y a dix-huit mois ».
La tentation de 2027 ?
Selon lui, la situation semble donc être claire, Sarah Knafo ne sera pas candidate à la présidentielle : « Il n’y a pas de question là-dessus, c’est simple. Tout ce qui arrive à Sarah Knafo est formidable et est bon pour moi. Je n’irai pas plus loin. » Derrière cette prudence peut se cacher une forme d’ambivalence entre la fierté du mentor et la crainte d’une relève potentielle déjà en marche.
Pourtant, l’hypothèse d’une candidature de Sarah Knafo à l’élection présidentielle de 2027 ne semble pas si utopique. Si l’intéressée se garde bien d’évoquer cette possibilité, il est clair qu’elle incarne une alternative crédible à Éric Zemmour, notamment auprès d’un électorat plus jeune, plus féminin et plus hostile à Zemmour.