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Pluralisme à la télé, CNews, service public, médias d'opinion : le décryptage de Philippe Bailly

INTERVIEW SUD RADIO - La patronne de France Télévision peut-elle s’en prendre à CNews ? Philippe Bailly, président directeur général de Npa Conseil, était l'invité médias de Sud Radio ce vendredi.

Philippe Bailly
Philippe Bailly, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Le 10h - midi".

CNews est "une chaîne d'extrême droite", a accusé la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, dans une interview au Monde. "Il faut admettre que CNews est un média d'opinion. Qu'ils assument d'être une chaîne d'extrême droite!", a déclaré la dirigeante du groupe public, qui emploie pour la première fois ce qualificatif au sujet de la chaîne info, première de France. Selon Philippe Bailly, il faut considérer ce sujet avec un esprit apaisé, et également ne pas oublier le contexte historique de la télévision française.

Philippe Bailly : "CNews a montré dans un sondage que ses téléspectateurs n'avaient pas plus voté pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour"

Les médias fabriquent-ils des opinions ? "En tout cas, on leur en fait beaucoup le procès", a répondu Philippe Bailly ce matin dans Sud Radio Média. "À tel point d'ailleurs qu'au moment des dernières présidentielles ou des précédentes, CNews avait montré dans un sondage que ses téléspectateurs n'avaient pas plus voté pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour que la moyenne des Français. Leur message était : on n'est pas forcément l'asile des partisans de l'extrême-droite. Et, symétriquement, quand Rachida Dati s'en était prise aux journalistes du service public sur France Inter, Sybile Veil [la présidente de Radio France] lui avait repondu : 'quand on a 7 millions d'auditeurs tous les jours, c'est faux de dire que tout le monde n'y est pas représenté'."

Pour Philippe Bailly, il est temps d'arriver à un apaisement sur le sujet du positionnement politique des médias. "Mais globalement, la toile de fond qui est très malsaine, c'est qu'aujourd'hui ceux qui sont plutôt culturellement à droite ont tendance à faire un procès assez systématique, méthodique à France Télévisions et à Radio France d'être à gauche. Symétriquement, dès qu'on parle d'un homme d'affaires (Bolloré, Rodolphe Saadé), la gauche culturelle… À la fin, il y a une réalité : c'est que pour faire des médias, pour faire de l'info de qualité, des contenus de qualité, il faut des moyens, il faut de l'argent. Donc, à un moment il faut arriver à trouver une forme d'apaisement dans les médias publics financés par de l'argent public. Mais aussi chez des hommes d'affaires qui financent des médias sans être toujours l'objet d'un procès d'intention."

"En presse écrite, on n'est jamais allés chercher les éditeurs pour savoir s'ils penchaient plutôt à droite, à gauche ou au centre"

Au final, pourquoi ne pas avoir des chaînes de gauche et de droite, y compris d'extrême-droite ? "Non, aujourd'hui, le cadre juridique ne le permet pas. On est restés avec le même cadre qu'il y a 20 ans. C'est quand il y avait une demi-douzaine de chaînes, en d'autres mots il y avait peu de choix, il fallait donc que l'équilibre soit sur chacune de ces chaînes."

"Si vous prenez la presse, historiquement, on n'est jamais allés chercher les éditeurs pour savoir s'ils penchaient plutôt à droite, à gauche ou au centre. En radio, la FM a démultiplié l'offre : aujourd'hui, juridiquement, c'est reconnu pour Radio Courtoisie d'avoir une chaîne qui se revendique de chaîne d'opinion. En télé, ce n'est toujours pas possible, alors qu'on a quatre chaînes d'information à plein temps. Et si on rajoute les chaînes généralistes, on a une bonne dizaine de chaînes qui font de l'info et qui, tous les jours, invitent des gens sur leurs plateaux pour commenter", a expliqué Philippe Bailly.

Selon Philippe Bailly, sur ce sujet, il faut éviter de tomber dans l'extrême. "Il y a un an et demi, il y a eu toute cette histoire autour de 'faut-il peser au trébuchet l'opinion de chacun des intervenants sur un plateau, pour que ça soit équilibré ?'. Finalement, on est arrivés à des choses un peu réalistes. Aujourd'hui, il faudrait peut-être mettre à jour cette réflexion et assumer qu'il y a une offre d'information suffisante en télé pour que certains puissent avoir des couleurs acceptées, assumées. Et ça, d'autant plus que, quand on passe sur YouTube, sur Twitch etc., il n'y a aucune restriction, aucune limitation."

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