Souvent moins visible que l’électricité ou le gaz, la facture d’eau pèse pourtant lourd dans les factures. Avec un prix moyen de 4,09€ le mètre cube, un ménage consommant 120 m³ paie déjà plus de 490€ par an. Seulement, la tendance est clairement à la hausse avec une augmentation de 16% sur les 30 derniers mois. Et selon Olivier Andrault, chargé de mission alimentaire et agriculture chez UFC-Que Choisir, cette évolution n’est « qu’un début ».
Des techniques de filtration qui « atteignent leurs limites »
Il explique au micro de Sud Radio que, depuis 2023, « les agences régionales de santé recherchent des résidus de pesticides ». La moitié nord de la France est donc depuis concernée par des dépassements des normes, y compris dans de grandes agglomérations. S’il est toujours possible de « boire l’eau en toute sécurité », ces analyses révèlent surtout que les techniques traditionnelles « atteignent leurs limites » et qu’il est nécessaire d’adopter « des techniques plus modernes de filtration coûtant beaucoup plus cher ».
La transition technologique coûtera très cher
En effet, en Île-de-France, le SEDIF (Syndicat des Eaux d’Île-de-France) a investi entre 900 millions et 1 milliard d’euros, répartis entre quatre millions d’usagers. Néanmoins, Olivier Andrault explique que si l’on « prend une collectivité plus petite l’augmentation est plus sensible ». Par exemple, dans la Vienne, « l'augmentation va atteindre +74% sur la facture ».
Pour les petites communes, le risque est donc encore plus grand : incapables de bénéficier d’économies d’échelle, elles pourraient voir leurs coûts « multipliés par quatre ». Autrement dit : plus la commune est petite, plus la facture risque de s’envoler.
Olivier Andrault (@UFCquechoisir) : "La hausse du prix de l'eau est inévitable. Par exemple, dans la Vienne, l'augmentation va atteindre +74% sur la facture" #GrandMatinhttps://t.co/RnfpaEENJp pic.twitter.com/1QHTBARSM1
— Sud Radio (@SudRadio) November 21, 2025
Les particuliers paient déjà 80 % du coût de l’eau
Pour l’UFC-Que Choisir, il est impensable que ces investissements retombent presque exclusivement sur les particuliers. Les ménages financent déjà 80 % du service de l’eau, alors qu’ils ne représentent que 25 % de la consommation totale. « Les pesticides sont liés très largement à l’agriculture industrielle », rappelle Olivier Andrault, qui pointe aussi les PFAS, des « polluants éternels », produits par l’industrie, difficiles et coûteux à éliminer.
Lorsque des non-conformités apparaissent, les collectivités doivent donc diluer l’eau, construire de nouvelles canalisations, fermer des captages ou en ouvrir d’autres. « En clair, c’est toujours des investissements qui vont être à la charge entière du consommateur si on ne fait rien », résume-t-il.
Les préfets « manquent de courage politique »
Pour l’association, il est urgent que les pouvoirs publics interviennent. Olivier Andrault estime qu'il est « inadmissible que la très grande majorité des captages d’eau potable ne soient pas protégés » et pointe la responsabilité des préfets, « qui ont la capacité d’imposer des mesures obligatoires », mais ne l’ont pas fait « par manque de courage politique ».
L’UFC demande aussi une réforme du principe pollueur-payeur. La taxe actuelle sur les pesticides n’augmente « que de 10 % le prix des pesticides », soit « environ 1 % des charges d’un agriculteur ». Quant à la taxe sur les PFAS, votée mais non appliquée, l’association exige son entrée en vigueur immédiate. « Vous avez une pollution essentiellement agricole et industrielle : il est normal que chacun paie », conclut-il.