"La facture de gaz et d'électricité risque d'augmenter en moyenne d'environ 50 euros par an"
On parle beaucoup d'une nouvelle hausse des factures d'énergie pour 2026. Bérénice Deville Fleuriot (rédactrice en chef de Radio IMMO), que va-t-il se passer exactement ?
« Effectivement, une mauvaise nouvelle pour le portefeuille de certains foyers français. Dès demain, donc dès le 1er janvier, leur facture de gaz et d'électricité risque d'augmenter en moyenne d'environ 50 euros par an. Et le coupable, c'est un dispositif qu'on connaît peu mais qui existe depuis 2005, les fameux CEE, les certificats d'économie d'énergie.
"Qui paye au final ? Eh bien nous !"
C'est un peu technique. Pour simplifier, les CEE, c'est un système qui applique le principe du pollueur-payeur. Concrètement, l'État oblige les fournisseurs d'énergie, EDF, ENGIE, TotalEnergie et tous les autres, à financer des actions pour réduire notre consommation d'énergie. Par exemple, ils doivent aider au financement de travaux d'isolation dans les logements ou encourager l'achat de voitures électriques. Sur le papier c’est donc une bonne chose.
Le problème, c'est que le gouvernement vient d'augmenter de 27% les obligations de ses fournisseurs pour 2026. Ils doivent financer beaucoup plus d'actions qu'avant. Et devinez qui paye au final ? Eh bien nous, les consommateurs, parce que les fournisseurs répercutent ce coût supplémentaire directement sur nos factures.
"124 à 244 euros par an en moyenne"
Donc on finance nous-mêmes les aides qu'on pourrait recevoir ? Exactement, c'est tout le paradoxe du système. Selon l'UFC Que Choisir, les ménages supportent déjà 70% du financement de ce dispositif. Ça représente 124 à 244 euros par an en moyenne.
Et avec cette hausse, ça va coûter en moyenne 50 euros de plus par an sur les factures de gaz et d'électricité. Mais attention, tous les foyers ne sont pas logés à la même enseigne. La hausse touchera principalement les clients en contrat variable. Pour les contrats à prix fixe, c'est plus compliqué. En théorie, vous devriez être protégés.
"Le prix à la pompe va également augmenter de 4 à 6 centimes par litre en moyenne dès demain"
Mais depuis novembre dernier, il faut savoir que les règles ont changé. Certains fournisseurs comme EDF, avec son offre Zenfix, ont obtenu le droit de répercuter quand même les CEE, même sur les contrats fixes. Donc il faut vraiment être vigilant et surtout bien lire les conditions de son contrat.
Alors là aussi, ça va concerner beaucoup de monde. Les CEE vont impacter aussi les carburants. Oui, le prix à la pompe va également augmenter de 4 à 6 centimes par litre en moyenne dès demain, pour exactement la même raison. Les compagnies pétrolières sont aussi soumises aux CEE et donc elles vont répercuter aussi ce coût sur l'essence et le diesel. »
"Impossible de savoir exactement combien on paye pour ce dispositif"
Le problème, c'est qu'il n'y a aucune transparence sur ces hausses liées au certificat d'économie d'énergie : c'est bien ça ?
« Oui, c'est bien ça le problème qui est dénoncé par l'association UFC Que Choisir. Il n'y a pas de ligne CEE sur nos factures, donc impossible de savoir exactement combien on paye pour ce dispositif.
C'est complètement opaque et chaque fournisseur, il faut le dire, applique sa propre stratégie commerciale. Donc certains vont peut-être rogner sur leurs marges pour préserver le client, le consommateur final, nous. Et d'autres vont répercuter l'intégralité de la hausse. Mais sans transparence, c'est difficile de faire jouer la concurrence. »
"N'hésitez pas à comparer les fournisseurs"
Concrètement, que peuvent faire nos auditeurs pour se protéger ?
« Premier réflexe, c'est vérifier son contrat. Si vous êtes en tarif variable, cette hausse vous concerne directement. Regardez aussi les offres à prix fixe, mais lisez bien les petites lignes pour voir si les CEE peuvent être répercutées ou non. Et surtout, n'hésitez pas à comparer les fournisseurs, même si c'est compliqué avec le manque de transparence. Certains seront peut-être plus raisonnables que d'autres sur cette hausse. »