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Dr Gérald Kierzek : "On n'a strictement rien appris de la crise du Covid !"

Par La Rédaction

ENTRETIEN SUD RADIO : Invité du Grand Matin en ce 26 décembre, Gérald Kierzek, Médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo a répondu aux questions de Maxime Lledo. Il a évoqué plusieurs thèmes : Mobilisation du 5 janvier, épidémie de grippe, gestion du Covid

Mobilisation du 5 janvier, épidémie de grippe, gestion du Covid… Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo, était l’invité de Maxime Lledo.

Maxime Lledo : "Le dernier bulletin du ministère de la Santé publié mercredi montre une progression nette de la grippe dans toutes les régions. La France est désormais totalement en phase qu'on appelle épidémique et l'agence sanitaire explique que la situation reste modérée pour l'instant. Est-ce que cela change depuis quelques heures ?"

Gérald Kierzek : "Alors non, ça ne change pas, on est dans une phase épidémique, mais j'allais dire comme tous les hivers. Et on voit bien les précautions un peu politiques, de la part ministre de la Santé, qui anticipent éventuellement des difficultés pour les hôpitaux. On n'a pas besoin d'une épidémie de grippe pour avoir un manque de lits, pour avoir un manque de personnel. On voit bien que chaque hiver, c'est un peu la même histoire.

"On tire la sonnette d'alarme, on dit attention, cette grippe va être plus importante que les autres, elle risque de paralyser l'hôpital, etc. Mais la cause, ce n'est pas la grippe. On voit bien que la cause est structurelle, elle est sur notre système de santé

Donc oui, on est en phase épidémique. On a des problèmes de lits comme on a chaque année. L'été, c'est la canicule, l'hiver, c'est le froid et c'est la grippe. Le problème, il vient du manque de moyens"

"Ce n'est pas parce qu'on a passé le pic qu'on est sorti d'affaire"

Maxime Lledo : "Est-ce qu'on sait quand le pic de l'épidémie interviendra ?"

Gérald Kierzek : "Ça reste toujours des modélisations, donc il faut être extrêmement prudent. Il y a aussi les patients qui vont arriver à retardement après. Ce n'est pas parce qu'on a passé le pic qu'on est sorti d'affaire, notamment quand vous avez des personnes qui sont fragiles avec lesquels on peut avoir des surinfections par des bactéries qui arrivent plusieurs jours, voire plusieurs semaines après.

Ce qu'on regarde sur les modélisations françaises ou anglaises, c'est que le pic ne va pas tarder dans les prochains jours ou tout début d'année avec un plateau de cette grippe qui, là, est difficile à anticiper."

"Aucune leçon n'en a été tirée de la crise du Covid"

Maxime Lledo : "Quand je vous entends, la seule question que j'ai envie de vous poser en réalité c'est : qu'est-ce qu'on a appris du Covid ?"

Gérald Kierzek : "On n'a strictement rien appris du Covid. Je n'ai eu de cesse de le répéter, c'était un virus qui touchait les plus fragiles. Donc le problème était qu'on n'avait plus de services d'urgence ou de réanimation de proximité. La concentration des hôpitaux ces dernières années, la fermeture des lits, ont fait que le système a débordé très rapidement.

Donc le problème était structurel. On aurait dû en tirer les conséquences et arrêter les fermetures de lits, refaire un maillage territorial, et miser sur des hôpitaux de proximité pour une population qui est de plus en plus fragile. On a remis des tableurs Excel, on a mis une gestion bureaucratique et financière de l'hôpital, on a continué à fermer des lits. Donc cette crise structurelle du Covid, aucune leçon n'en a été tirée."

Maxime Lledo : "Concernant la grippe, est-ce qu'en tant que médecin, vous pouvez nous dire si, oui ou non, avec ce nouveau variant, un vaccin qui a été fait via une souche précédente est encore utile pour se protéger ?"

Gérald Kierzek : "Alors oui, le vaccin est utile, et clairement, pour les personnes âgées, le message à passer, c'est qu'il faut se vacciner. Mais le vaccin n'est pas une assurance vie. Ce n'est pas une garantie à 100% de ne pas attraper la grippe. On le sait, et là aussi on le sait depuis le Covid, que la vaccination n'empêche pas la contamination, mais ça empêche, ou en tout cas ça réduit le risque de formes graves. Donc la vaccination, bien sûr, pour les plus fragiles, il faut encore la recommander"

"Il y a un problème de confiance qui a été cassé avec la vaccination"

Maxime Lledo : "Doit-on aller vers une vaccination obligatoire pour la grippe ? Et plus largement, si on ne va pas vers une vaccination obligatoire plus largement, doit-on aller vers une vaccination obligatoire pour les plus de 65 ans, par exemple ?"

Gérald Kierzek : "Je vous disais en début d'interview qu'il faut arrêter avec la coercition. Il y a un problème de confiance qui a été cassé, en particulier depuis la période Covid entre la parole des experts et la population. Parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été dites et qui étaient fausses pendant la période du Covid. Les gens n'ont pas envie de se faire avoir une autre fois.

Un vaccin, c'est important. Quand on est fragile, ça vous protège. Ça évite les hospitalisations.Quand je disais que ce n'est pas une assurance vie, ce n'est pas une garantie à 100 %. Voilà pourquoi je ne souhaite pas, je pense que ce ne serait pas une bonne chose de rendre obligatoires les choses.

En revanche, convaincre, discuter, chasser les fake news. On voit qu'il y a beaucoup de fausses informations qui circulent aussi. Ça, ça me semble quelque chose d'important pour renouer la confiance avec la population. C'est valable sur la vaccination, mais c'est valable dans plein de domaines."

"C'est un mouvement de ras-le-bol"

Maxime Lledo : "Une manifestations des médecins libéraux est prévue le 5 janvier, plus de 4 500 médecins ont été recensés en 24 heures sur un site ayant pour but de rassembler justement ceux qui voulaient participer. Selon vous, ça va être un mouvement dur, un mouvement de fond ?"

Gérald Kierzek : "C'est un mouvement de ras-le-bol des médecins libéraux auquel moi je ne peux que souscrire. Les médecins libéraux sont en train de subir ce que l'hôpital a subi depuis une trentaine d'années, c'est-à-dire une mainmise de l'administration.

La loi de finances de la Sécurité sociale met en place un certain nombre d'outils de contrôle de la médecine libérale, de coercition, d'obligations qui vont à l'inverse du soin. Il faut bien comprendre que ça ne va pas être une grève corporatiste, ça va être une grève pour défendre un système qui repose sur deux pieds. Un pied qui est l'hôpital et l'autre, la médecine libérale.

Ce deuxième pied est en train d'être mis sous la coupe des administratifs de la Sécurité sociale, d'une gestion budgétaire qui sera in fine au détriment des patients. Et donc, les médecins qui vont se mettre en grève du 5 au 15 janvier, vont défendre ce système à la fois public privé de médecine libérale."

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