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Au procès Péchier, l'heure des plaidoiries pour évoquer les "douleurs indicibles" des victimes

"Forcément coupable", le "machiavélique" anesthésiste Frédéric Péchier a "renoncé au repentir", mais restent les "douleurs indicibles" infligées aux 30 personnes qu'il est accusé d'avoir empoisonnées et à leurs proches, a plaidé lundi devant la cour d'assises du Doubs l'avocat de nombreuses parties civiles.

SEBASTIEN BOZON - AFP/Archives

"Forcément coupable", le "machiavélique" anesthésiste Frédéric Péchier a "renoncé au repentir", mais restent les "douleurs indicibles" infligées aux 30 personnes qu'il est accusé d'avoir empoisonnées et à leurs proches, a plaidé lundi devant la cour d'assises du Doubs l'avocat de nombreuses parties civiles.

"Sandra, Damien, Jean-Claude, Kevin... Le crime est tellement énorme, que l'inventaire à la Prévert est difficile à tenir", a souligné Frédéric Berna, qui a ouvert le bal des plaidoiries des 27 avocats représentant les 193 parties civiles constituées.

"L'un des plus grands criminels de l'histoire judiciaire française, c'était lui", Frédéric Péchier, a soutenu le conseil, qui défend à lui seul les intérêts d'une grande partie des victimes présumées et de leurs proches.

Me Berna a dépeint "un homme qui déraille, qui déteste sa vie et qui déteste son travail de pousse-seringue à la clinique", loin du "fake instagrammable" de "la mélodie du bonheur" décrite à la barre par sa famille.

Frédéric Péchier, 53 ans, est jugé à Besançon pour 30 empoisonnements de patients âgés de 4 à 89 ans, dont 12 sont morts, commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon.

Au cours des débats, l'accusé a admis qu'un empoisonneur avait bien sévi à la clinique Saint-Vincent de Besançon, mais pas à la Polyclinique de Franche-Comté. Cependant il a contesté fermement être ce criminel. "Je maintiendrai toujours que je ne suis pas l'empoisonneur", a-t-il ainsi déclaré lors de son dernier interrogatoire sur les faits.

L'accusation lui reproche d'avoir dans la plupart des cas pollué des poches de perfusion avec du potassium, des anesthésiques locaux, de l'adrénaline ou encore de l'héparine, pour provoquer l'arrêt cardiaque de patients pris en charge par d'autres médecins anesthésistes et ainsi nuire à des collègues avec qui il était en conflit.

- "Crime presque parfait" -

"A chaque fois qu'il s'engueule (...) avec un collègue, boum", le patient de celui-ci est victime d'un arrêt cardiaque inexpliqué, a souligné Me Berna. "Ces pauvres patients qui sont vos victimes sont devenus les instruments de vengeance de vos petits problèmes", s'est-il indigné en s'adressant à l'accusé.

Dans cette affaire inédite dans les annales judiciaires françaises, les parties civiles "ont la conviction que tout, tout, tout nous conduit à Péchier" dans ce dossier, a-t-il asséné.

"Coupable, il l'est, forcément", selon Me Berna qui a fustigé le "machiavélisme du crime presque parfait" commis par un anesthésiste qui pouvait "tuer au vue et au su de tous, sans que ça n'interpelle personne".

L'avocat a rendu "hommage" à la "force" et la "résilience" de deux de ses clients: Sandra Simard, dont l'empoisonnement en janvier 2017 a marqué le début de l'enquête, et Amandine Iehlen, dont le père, décédé en 2008, a été la première victime retenue dans cette affaire. Les deux femmes, a-t-il loué, "se sont battues aussi pour tous les autres", en créant l'association des victimes de ce dossier, l'Avapolvi.

Le conseil a regretté que Frédéric Péchier ait "renoncé au repentir, à l'humanité et à donner des réponses à (ses) victimes". Les jurés, a-t-il plaidé, devront "emporter lors du délibéré les torrents de larmes, les colères légitimes et les douleurs indicibles" des victimes "frappées au hasard".

Dans cette dernière ligne droite du procès ouvert le 8 septembre, la séquence consacrée aux parties civiles doit durer trois jours, jusqu'à mercredi. Après quoi, le ministère public prendra la parole pour ses réquisitions jeudi et vendredi, avant la plaidoirie de l'avocat de la défense, Randall Schwerdorffer, lundi 15 décembre.

Frédéric Péchier, qui comparaît libre, encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu d'ici au 19 décembre.

Par Angela SCHNAEBELE / Besançon (France) (AFP) / © 2025 AFP

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